Bonjour et bienvenue

« Si je ne suis pour moi, qui le sera ?
Et si je ne suis que pour moi, qui suis-je ?
Et si pas maintenant, alors quand
? »

(Hillel, Les Maximes des Pères)

Alors voici ce blog. Pour moi. Pour toi, lecteur. Pour ici, et maintenant.


lundi 25 mai 2015

C comme Clubbing

Cher lecteur,

Pour te résumer l'importance de la danse dans ma vie, je vais te conter une petite histoire - et t'ouvrir une page de mon intimité.

A 20 ans, j'ai chuté en montagne, en escalade.
Lorsque le PGHM (Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne) est arrivé sur les lieux, pour récupérer "le corps", leur hélicoptère a passé au peigne fin la falaise. Et m'a retrouvée, 80 mètres en-dessous du lieu où j'ai dévissé.

J'étais vivante. Miraculée. En petits morceaux, certes. Mais vivante (et bien vivante :))

Après une opération de quelques heures, durant lesquelles le chirurgien a essayé de réparer mes deux membres supérieurs et ma jambe droite (qui avait été soufflée par le choc), je me suis réveillée.

Le lendemain, le chirurgien vient me voir, m'explique comment il a "géré" ce qu'il a trouvé en ouvrant.

Lui : "Vous devez vous demander si vous pourrez remarcher un jour? 
Alors je vais être franc : je ne peux vous répondre...
La seule chose que je peux vous dire, c'est que vous êtes jeune. Il y a de l'espoir.

Moi : Marcher? Ah. Ah oui... Bon. 
Mais est-ce que je pourrai de nouveau danser?"

(Je vous laisse imaginer la tête ahurie du Docteur, qui a dû mettre cela sur le compte de la lourde Anesthésie Générale...)

Danser, donc.
Et comment, j'ai re-dansé !



Je reboote avec ce week-end, placé sous le signe du Clubbing et de la musique électronique (je t'en parlais un peu ici, dans mes Paradoxes).

Avant de vous parler de mon premier set avec Kavinsky (samedi soir), je vais parler d'hier soir.
Cela se passait à la MPAA Saint Germain dans le cadre des Denses Journées de la Danse

Le spectacle s'appelait La Belle au Bois Flamboyant sur une chorégraphie de Johan Amselem et un set de la DJette Ma Public Therapy.

La DJette Ma Public Therapy c'est tout un univers (allez voir ceci ou encore cette vidéo-là ou celle-ci) totalement décomplexé. Love et sensuel. animal et charnel. Elle chante en même temps qu'elle mixe, s'accompagne parfois de guitare électrique (c'était le cas hier soir). C'est tendre et généreux.

Et on ne pouvait rêver d'un duo plus flamboyant que celui formé hier entre les danseurs et Ma.
16 danseurs, la plupart entre 20 et 40 ans. 8 hommes, 8 femmes.

Symphonie des corps qui se meuvent de concert, qui s'abandonnent, se caressent et s'embrassent.
Longs palots, pas volés du tout (H/H, F/F, H/F). Harmonie des échanges, corporels et spirituels en même temps.
De l'amour. A deux, à trois, à quatre, à 16.
Un cadeau offert au spectateur. Et pour ne pas faire violence au spectateur qui n'aspire qu'à se joindre - l'empêcher serait pervers - le public est invité à se joindre à cette fête des sens.

J'étais dans tous mes états, tous les sens en émoi, et la fête fut bien bonne, les échanges riches et les caresses intenses. Et puis tout d'un coup, cela s'est arrêté, et il a fallu redescendre sur Terre. Et dans le métro :)

Un grand grand merci à Johan Amselem (avec qui l'échange fut divin) et aux danseurs.
Merci pour ce cadeau, pour ce voyage. Et à très vite - rendez-vous le 7 juin à 14h à la MPAA pour la suite!


Un mot sur Kavinsky, samedi soir au Point Gamma. Belle surprise. Car je me reconnais méfiante devant le succès grand public. La notoriété n'est pas forcément gage de talent.
Et pourtant, là, je dois me reconnaître qu'il a réussi. Il est parvenu à m'emmener dans son univers. J'étais dubitative, j'ai résisté. Puis j'ai cédé, et mon corps a vibré, bougé.

En fait, ces sets m'ont rappelé pourquoi j'aimais autant la musique électronique.

J'aime l'art vivant, l'improvisation, l'art qui s'affranchit de toute contrainte. La liberté (non pas qu'une partition enferme - l'interprétation est d'une richesse insondable) est totale. Possibilité d'évoluer vers une destination qui ne sera jamais deux fois la même, et par un chemin unique à chaque set.
Ce chemin qui appartient autant à celui qui mixe qu'à celui qui écoute et qui - par son écho, par sa manière d'entrer en résonance avec le flux - exerce son influence, participe à la création.

J'aime cette puissance créatrice, j'aime sentir en moi le son qui ricoche, résonne. Puis mon corps qui se balance et se déhanche, qui part en voyage et en création. Bon. Hâte du prochain set.




mardi 19 mai 2015

Bientôt 3 ans...


Mon Litchi. Ma litchi.
Je t'écris ce message quelques jours avant ton troisième anniversaire.

 
Dans mes oreilles, il y a "waka waka", une chanson sur laquelle tu adores danser.
Dès que tu l'entends, tu viens vers moi, en tendant les mains avec ton sourire. Celui qui montre au monde entier tes dents du bonheur. Ou plus simplement : ton bonheur.
Ce sourire qui me fait chavirer. Dont la simple évocation suffit à me mettre les larmes au yeux.
Larmes de ne pouvoir là, tout de suite, te serrer contre moi, te humer, te dire "je t'aime"


Tu es solaire. Tu rayonnes de mille feux.
Tu es incapable de parler, tu cries.
Tu es incapable marcher, tu coures.
Tu es incapable de faire un simple bisou : tu enlaces et tu embrasses avec fougue.

 
Tu es déjà d'une sensualité inouïe...
Ton charme agit sur tout un chacun avec une vitesse défiant tous les standards.
Quand tu te précipites vers une personne, connue ou inconnue, je m'amuse parfois à compter les secondes.
Avant que ton interlocuteur ne dévoile le même sourire que celui que tu viens de lui proposer

 
Tu es magnétique. Il y a quelque chose d'irrésistible en toi.
Est ce ton humour? Ton espièglerie? Ton regard baigné de lumière et de joie?
Tu as conscience du charme que tu dégages. Du charme des mots écorchés que tu prononces. Et bien que connaissant leur prononciation, tu continues à dire certains mots de travers.
Juste pour voir nos bouilles se décrisper.
Juste pour nous voir fondre et pour rire avec nous, bruyamment.

 
Tu es bruyante comme la vie.
Tu es une belle personne. Belle comme la vie.
Tu mets du cœur dans tout ce que tu fais.
Tu es sérieuse comme un pape pour des futilités absolues (ramasser tes coquilles d'escargots), comme pour les choses importantes (t'excuser, embrasser).
Et une fois le travail accompli, tu lâches tout, et ton fou rire résonne dans toutes les pièces de la maison.

 
Ton Papa dit souvent de toi que "des comme [toi], nous pourrions en avoir cinq"
Un peu réducteur sans doute, mais si vrai.
Tendre et câline, autonome et indépendante, appliquée et altruiste, sensible et intelligente, vive et sérieuse à la fois.

 
Tu as tout pour toi.
Tu as tout pour nous :)
Mon enfant, ma chère enfant : le monde est immensément plus beau avec toi.
Et quoi que tu fasses, tu seras toujours un cadeau.
Pour ceux qui ont la chance de te connaitre, de te fréquenter.
D'ailleurs, nous, tes parents, n'en revenons toujours pas d'être assez bénis d'être tes parents.

Les parents de la petite fille la plus généreuse et intelligente qui soit.
Merci mon Dieu, merci mon Litchi. 

 

 

 

vendredi 15 mai 2015

Le premier jour du reste de ma vie...

Outre une référence à l'excellent livre de Ginie, je souhaite vous livrer des réflexions intimes.

Impression de naviguer à vue dans ce qui ressemble fort à une nouvelle phase de ma vie.

Enfance (0 - 12)
Adolescence (12-17)
Jeune adulte (17-24)
Maman en devenir, enceinte ou allaitante (24-32)
Jeune Maman de famille nombreuse (32 et +)

Comment dire les choses?

A certains j'explique que j'ai la sensation de vivre une seconde adolescence

Comme si, de nouveau - et comme lorsque j'avais 12 ans, tout était possible.
Comme si je pouvais tout tenter, tout être, tout devenir, partout sur cette Terre.
Comme s'il suffisait de me déterminer, puis de laisser ma "Volonté" (opiniâtreté, pugnacité, perfectionnisme), et mes facilités faire le reste.
Comme s'il y avait une urgence à vivre, car le compte à rebours est enclenché...
 
"Forever - is composed of nows"


Ce qui est illusoire. Puisque j'ai déjà fait des choix qui conditionnent tout de même beaucoup ma vie : un mari et des enfants, d'abord.
En outre, mes études et un brin de ma vie professionnelle sont derrière moi.
Et paradoxalement, je ne ressens pas les choix que j'ai faits comme contraignants (alors que très clairement, ils constituent un entonnoir)

Je refuse le déterminisme de mes choix passés.

Le foyer que nous avons construit dope ma confiance. Au point de faire exploser l'estime que j'ai de moi. Bien au-delà de ce qu'elle fut lorsque j'étais ado.

Résultat : l'entonnoir agit au contraire comme multiplicateur de possibles. Jamais mon libre-arbitre n'a été aussi infini. 

Professionnellement, ma stabilité est un élément qui me donne confiance. Contempler la belle évolution depuis 7 ans et demi dans la même institution sécurise beaucoup la cocotte-minute créative et émotionnelle que je suis.

Un infini de possibles.
Devoir faire des choix.
Tout un travail :)


“Not knowing when the dawn will come
I open every door
"

Et je n'ai pas encore  abordé les similitudes hormonales...

Pour dire les choses crûment, nous fermons une parenthèse. Assez animale, disons-le
Entre 24 et 32 ans : recherche d'un mâle reproducteur, accouplement(s), gestation(s), allaitement(s)...
Et puis les enfants se sèvrent. Et nous revoici. Toujours en couple, toujours ensemble, toujours fidèles.
A devoir avancer, et inventer notre couple de demain.
Et rien n'est évident. Rien n'est acquis.

D'un couple évoluant, bien inconsciemment, dans un schéma animal et naturel, nous devons devenir un couple qui se nourrit d'autres choses.
D'émotions intellectuelles, affectives, artistiques. De curiosité, de passions partagées.

Et, dans le même temps, j'ai la sensation que mes hormones sont en ébullition. Comme lorsque j'avais 14 ans. Et je ne comprends pas le grand écart qui se dessine. Entre mes attentes, résolument hormonales donc animales. Et la nécessité de se projeter dans une dimension cérébrale, intellectuelle. Culturelle.

 
Cette phase va-t-elle durer?
Disparaître d'elle-même?
Faire place à une autre phase, encore plus surprenante?

Je plâne. Et, pour continuer à voler, je m'inspire.
De poésie. Emily Dickinson est ma compagne en ces jours intenses...

“To live is so startling it leaves little time for anything else”

That it will never come again is what makes life so sweet.”

 


mercredi 13 mai 2015

Parler de foi à nos enfants...


Aujourd'hui, je vous parle de foi. Ma "grande" a 4 ans et demi depuis quelques jours (d'ailleurs toute la ville est au courant, puisqu'elle ne cesse de le chanter à tue-tête à longueur de journée...)

Et elle commence à poser des questions. Sur cet "hashem" ("Le Nom", en hébreu dans le texte) dont elle entend parler dans les prières, les chants, les sermons...

Alors j'ai été ravie qu'une amie d'amie partage l'échange qu'elle a eu avec son enfant de 5 ans. Voici la traduction de cet échange publié en anglais (ils habitent New York)

Enfant : Maman, après que tu m'aies déposée à l'école, je peux te voir t'eloigner sur les caméras de surveillance. 

Maman : Oh ma chérie, c'est super!

Enfant : Et même que je te fais signe et que je t'envoie des bisous,  mais toi tu ne me vois pas...

Maman : Merci ma chérie. Je te renvoie des bisous dans ma tête.
Même si je ne te vois pas, je peux sentir ton amour.

Enfant : Eh, Maman tu sais, c'est exactement comme ça que Dieu est avec nous. Il peut nous voir, mais nous, on ne peut pas vraiment le voir. On sait qu'il nous aime, qu'il nous envoie des bisous dans sa tête et qu'il nous fait coucou par toutes les jolies choses qu'il fait dans le monde.

A ces mots, son cœur de Maman fond, et elle se met a étouffer son enfant de bisous

Enfant : Eh, Maman, tu n es pas obligée de m étouffer a chaque fois que je dis quelque chose de mignon!

lundi 11 mai 2015

Réinventer son couple après les enfants, réinventer sa vie...


Ce graphe est évidemment à prendre à la légère (comme tout ce blog au demeurant...)

Je l'ai dessiné le 16 mars 2015. C'était il y a presque deux mois. Et il n'a pas tenu 24h
Je n'avais alors donné l'adresse de ce blog qu'à trois personnes (je crois)

Mais même pour ces trois personnes, je n'assumais pas.
Aujourd'hui, j'assume. L'autodérision, la dimension caricaturale. Et le fond de vérité.


J'échangeais sur ce sujet avec une adorable choriste qui se reconnaîtra. Je lui disais que forte est mon impression de sortir d'un tunnel. Dans lequel je n'avais pas conscience d'être jusqu'à très récemment.

Fin de l'allaitement. Du troisième allaitement.
Fin des 5 années durant lesquelles je n'ai cessé d'être enceinte ou allaitante (à 4 mois près).
Fin d'une période de maternage intensif. Mais pas seulement.

C'est également la fin d'un cycle, qui a débuté le jour où nous nous sommes rencontrés, Grand Kiwi et moi.
D'abord la parade amoureuse, puis la "lune de miel" (sexe / romantisme / tendresse, et on recommence!)
Cette période que j'adore, durant laquelle on se cherche. Le mystère, qui ne se dévoile que progressivement, et les papillons encore dans le ventre. Et puis (rapidement, nous concernant), des promesses d'engagement (Grand Kiwi m'a demandé en mariage six mois après notre premier baiser). Et des engagements tout court. Des projets qui se dessinent et qui, très vite, se concrétisent.
PACS, mariage civil, un enfant, un chez-nous, deux enfants, un mariage religieux, trois enfants.

Tout est passé si vite. Hier, cela faisait exactement sept ans et demi que Grand Kiwi et moi avons choisi d'avancer ensemble. Première fois que nous nous sommes tenus la main. Premier baiser.

Il y a quelques mois, je vous aurais dit "c'était hier".


Mais pas aujourd'hui. 

Car aujourd'hui, je n'ai que trop conscience qu'une page s'est tournée.
Que ce cycle (que les amateurs d'anthropologie et de sociologie parmi vous ne manqueront pas d'analyser) qui a débuté le jour où nous avons eu envie de nous sauter dessus nos regards se sont croisés, et qui s'achève une fois le nid construit, les oisillons nés et (très relativement) autonomes, est derrière moi, derrière nous.

Jamais, au cours de ce passage dans le tunnel, je ne me suis posée de question.
Jamais tunnel n'a été plus lumineux, plus inspirant.
Tout était évident.

Grand Kiwi est l'homme de ma vie.
Notre union : une évidence
Fonder un foyer, une famille nombreuse : une évidence.

Nous n'avons - somme toute - jamais réfléchi. Nous nous sommes lancés à corps perdu dans ce dont nous avions envie. Nous avons laissé parlé nos cœurs, nos tripes, notre folie, notre insouciance.

D'aucuns ont dit que nous allions trop vite. Nous, nous avions juste l'impression de ne pouvoir remettre au lendemain les envies qui nous saisissaient.


Ce soir, les enfants sont couchés. Grand Kiwi est couché. Et je pianote ces quelques mots.
Est-ce parce que les enfants?
Est-ce parce que c'est la vie?

Toujours est-il que je suis comme saisie par l'urgence du temps qui passe, et une envie débordante de vivre pleinement le temps terrestre qu'il nous reste. En abandonnant sur place mes valises (comme je vous le disais ici). Histoire de ne pas trop m'encombrer dans ce voyage qui est déjà bien assez complexe :)

La suite est à écrire.
Toute la suite. Le couple, la vie professionnelle, la place de mes enfants dans tout cela, la vie sociale, mes addictions chéries (céder ou non?), mon envie permanente de faire la fête, de jouer, d'expérimenter, de vivre, de vivre intensément.

Liberté, ma liberté chérie, ferai-je de toi bon usage?
J'espère pouvoir vous dire prochainement que j'ai avancé!



mercredi 6 mai 2015

Ces obsessions qui nous font vivre


Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours été extrême.
Les excès, l'absence totale de modération et d'équilibre sont mon quotidien, ma vie. Avec plus ou moins d'intensité, évidemment.
Je vais faire un parallèle avec une œuvre documentaire, puis vous expliquer pourquoi…

 
Turn adversity into advantage

Dans l'excellent opus Israel Inside, œuvre documentaire apolitique de Tal Ben Shahar, le chercheur se penche (une fois n'est pas coutume) sur autre chose que la psychologie positive.

Le constat est simple : parmi les entreprises cotées au Nasdaq, Israël est le 3ème pays (en termes de pays d'immatriculation), derrière les États-Unis et la Chine.

Tel Aviv est la capitale européenne du Venture Capital. Any idea why?

Tal Ben Shahar, dans une démarche scientifique, nous propose 6 actualizers. Qui sont autant d'éléments favorisant l'émergence de jeunes pousses dynamiques et entreprenantes.

[ATTENTION Spoiler]

 Les actualizers identifiés sont:
- family
- turn adversity into advantage
- chutzpah
- education
- take action
- tikkun olam (la "réparation" du monde)

Prudence !
Tal Ben Shahar ne dit pas que ces éléments sont uniques à Israël. Il dit simplement que ces éléments :
1. se cumulent
2. avec forte intensité dans ce pays...
 
(Que ceux qui le souhaitent se manifestent : j'ai leur prêterai avec plaisir un exemplaire de ce documentaire de 38 minutées... )

 
Revenons à notre propos liminaire : je réalise, tardivement hélas, qu'on ne change pas.
Et que toutes ces années à vouloir me "guérir", m'affranchir de cette dimension compulsive, obsessionnelle et addictive étaient vaines.

Il ne sert à rien de lutter : la nature revient toujours au galop.
Comme au judo - il faut se servir de la puissance de l'adversaire pour gagner.
ð  la seule démarche à adopter - et que je pense avoir apprivoisé dans un réflexe de survie - c'est Turn Adversity into Advantage

Mes obsessions, mes addictions : et si j’en faisais des forces?
Et si je les assumais, pour en faire des alliées pour atteindre mes objectifs?
Oscar Wilde ne disait-il pas que « le meilleur moyen de résister à la tentation, c’est d’y céder » ?

Je suis accroc aux livres. Ok, faisons de bonnes études, essayons de ch
Je suis accroc au sport. Ok, servons-en nous pour garder une silhouette de rêve malgré 3 enfants.
Bon, évidemment le propos se complique lorsqu'on évoque l'addiction à la maigreur (anorexie) ou à des substances psychotropes.

Aujourd'hui, je pense pouvoir lister mes addictions. Et plutôt que d'essayer de lutter, je les cultive.
Chant, danse, sexe, sport, alcool, fêtes, écriture, glaces (oui, oui, je revendique une addiction aux glaces…)
Entre autres.

 
Ma boulimie d’activités ne me fait plus peur. Je fonctionne ainsi. Et je l’assume.
Et si, un jour, je dois voler dans le décor pour m’être perdue dans 1000 projets différents. Alors soit.
J’en aurais profité. J’aurais vécu, vibré, bougé.
Non sans avoir remercié mon Créateur de m’avoir donné la chance de vivre ces moments-là
Non sans avoir partagé avec mes proches ma joie de vivre intensément cette vie terrestre.
Non sans avoir essayé de donner et de transmettre autant que j’ai reçu.
Merci pour tout.

lundi 4 mai 2015

Confessions on a train's floor

Dimanche 26 avril, 22h, RER A

Il est là, comme très souvent à ces heures tardives. Il fait la manche. Pas la peine de fouiller mes poches, je connais déjà la réponse : elles sont vides. Je viens de filer ma dernière pièce comme pourboire.

Alors, dépitée, je lui offre ce qu'il me reste. Un sourire que je veux réconfortant, baigné d'une lueur d'optimisme.

Il s'arrête à ma hauteur. Et (je me déteste pour cela!), je me justifie :
"Je n'ai pas de monnaie..."

 Je lis la déception dans son regard, alors j'enchaîne :

 "... Mais j'ai de la conversation. Vous vous asseyez une minute, je descends à la prochaine?"

 Et il s'assoit. Et nous avons une conversation de la lune. Il se présente.
"Je m'appelle Martial. Comme la loi..."

 (Pas drôle le mec, mais je fais semblant d'apprécier le bon mot)

 "Vous travaillez?
- Oui, je suis serveur à mi-temps, je gagne 600€ par mois. Mon hôtel me coûte 900€ par mois.
Alors je suis là, chaque jour à la sortie du travail. Vous voyez, là il est 22h. Cela fait 6h que je fais la manche. Et vu comme c'est parti, je suis encore là pour un bout de temps.
- Vous êtes courageux
- Je n'ai pas le choix...
- Si : vous trouvez un autre emploi, pour compléter le premier. Il y a bien des jobs possibles, non? 
Vous avez l'air sérieux, vous devriez pouvoir trouver un revenu complémentaire.
- Je m'estime déjà heureux d'avoir un emploi, même à mi-temps.
- Vous êtes positif, c'est une grande qualité
- Merci Mademoiselle
- Je descends là
- Je vous remercie pour votre gentillesse"

 

Lundi 27 avril, 00h30, RER A

A peine est-il entré dans mon wagon, que je tilte. Un large sourire vient barrer mon visage. Il me fait un clin d'œil, mais ne sacrifie pas son discours rituel d'entrée de wagon.

Il chemine entre les quelques passagers, moitié-bourrés, moitié endormis.

Arrivé à ma hauteur, il me lance un regard interrogateur. Je lui réponds :
"Aujourd'hui, je n'ai pas de conversation, mais j'ai de la monnaie!"

Il sourit, récupère mes piécettes, et poursuit son chemin.

 
C'est la première fois que je me dis, soudain, qu'il importe pour moi. Je suis francilienne, je sors souvent sur Paris. Je rentre souvent à des heures tardives. Et tout d'un coup, je réalise que de l'imaginer quelque part sur la ligne, peut être dans mon train, peut être dans mon wagon... Cela me fait du bien.

 Un peu comme un ange gardien. A minima, une présence bienveillante. Quand mon mari s'inquiète de mon retour tardif, peut être un jour lui renverrai-je un message
"Ne t'inquiète pas mon Namour, il y a Martial"

 
Samedi 2 mai, 00h30, RER A

Je n'ai que 3 stations ce soir. Et qui vois-je arriver dans ma direction?
Un Martial moins positif que d'habitude.

Je crois qu'il ne m'a pas encore vue
Lorsqu'il égrène sa litanie d'entrée de wagon.
Lorsqu'il entame sa marche anti-triomphale.
Lorsqu'il essuie, rangée après rangée, l'indifférence, le mépris, le refus.
Lorsqu'il ponctue ses derniers pas de "de toute façon, aujourd'hui, c'est pas mon jour de chance"

Et puis nous échangeons un regard. Je file la bonne blague commencée 6 jours plus tôt :
"Aujourd'hui, j'ai de la monnaie ET de la conversation"

 Il rayonne. Du moins, il essaie. Il me répète que c'est difficile aujourd'hui. Il me gratifie d'un "Heureusement que vous êtes là, Mademoiselle. Sur tout le train, il n'y a que vous qui ayez donné"

Je me sens importante. J'ai envie de lui dire qu'il est un peu devenu important pour moi aussi.

Mais Martial n'est pas en état d'écouter. Ce soir, il a besoin, LUI, d'être écouté. Alors il me raconte (en réalité il me répète) la quadrature du cercle qu'il doit résoudre chaque jour.
Et je réalise - non sans peine, mais je ne me fais guère d'illusions - qu'il ne se souvient pas me l'avoir raconté 5 jours plus tôt.

Je l'écoute et je l'encourage. Et j'ai l'impression qu'en quittant le wagon, il est un peu moins chagrin que quand il y est entré.

 
Au revoir, Martial.
À bientôt peut-être.

Bien qu'en réalité, je préfèrerais que ... ce ne soit jamais.
... Que tu n'aies plus besoin de mes piécettes pour vivre, ni de ma conversation pour te sentir écouté.

 
Donc au revoir.
Et surtout Merci pour les leçons de vie, que sont chacunes de nos rencontres