Bonjour et bienvenue

« Si je ne suis pour moi, qui le sera ?
Et si je ne suis que pour moi, qui suis-je ?
Et si pas maintenant, alors quand
? »

(Hillel, Les Maximes des Pères)

Alors voici ce blog. Pour moi. Pour toi, lecteur. Pour ici, et maintenant.


mardi 28 avril 2015

Honey girl


Encore un message écrit à bord du grand train

Qui file à toute allure, franchement ça craint!

Et je ne parle pas du RER qui se traîne

Mais de cette vie terrestre, qui s'égrène.

 

Hier j'étais enfant, un bébé, une graine

Et demain, je serai poussière, silence pérenne,

Alors je me bats et m'ébats - il le faut bien,

Pour construire et transmettre. Presque rien.

 

De l'amour. De l'amitié. Un grain

De folie. De l'ivresse. Un brin

De bienveillance et de tendresse.

Des mots, des regards, des caresses.

 

Mon amour, mes enfants chéris, vous ai-je donné

Le temps, l'attention, l'essentiel?

Ma famille, mes amis,  ai-je assez partagé

D'émotions, de douceur et de miel?


 

lundi 27 avril 2015

La perfection n'existe pas!


Il y a deux ans, mon mari et moi avons découvert le travail de Tal Ben Shahar. Adepte (père?) de la psychologie positive, ce chercheur / enseignant / auteur s'est illustré à travers des œuvres "orientées" bonheur : Apprentissage du bonheur, apprentissage de l'imperfection, etc.

 
Je confesse volontiers que - comme vous sans doute - je me méfie des auteurs de best-sellers prétendant nous apprendre à être heureux.

Aussi (oui, je suis lâche), ai-je  testé ces livres sur mes proches : je leur ai offert, en leur demandant de me faire un retour.


Lequel fut si élogieux (et venant de personnes réputées pour leur sens critique, cela ne peut être neutre), que mon mari et moi les avons lus également. Notre préféré?


 
Névrose symptomatique de notre génération? Maladie de notre société occidentale consumériste?

La perfection - du moins sa recherche - est érigée comme valeur phare. Synonyme d'exigence pour certains, reflet d'un goût de l'effort pour d'autres, la perfection est cette dimension portée aux nues par les censeurs de notre époque : enseignants, recruteurs, médias...

 
Avoir le parcours scolaire le plus prestigieux, la carrière la plus fulgurante, la plastique la plus bandante, la famille la plus "high level" et aimante, le conjoint le "plus", être les parents les "plus", avoir les enfants les "plus", les loisirs les "plus", etc.

 
Aucune limite à la perfection, qui s'affiche à outrance sur les réseaux sociaux -qu'on dirait inventés pour promouvoir cette perfection! Entre les  selfies sur FB (la plastique, donc), le CV sur Linkedin (la formation / la carrière), le  microblogging sur FB ou Twitter ou encore les photos de notre quotidien de rêve sur Instagram (illustration des conjoints, enfants et loisirs... et de notre répartie de compétition), la bataille vers la perfection fait rage!

Bataille en termes absolus, mais surtout relatifs (Suis-je aussi belle que? Gagne-je autant que?)

Ah oui, j'allais oublier la blogosphère parentale pour les parfaits parents que nous sommes ou que nous tentons d'être... Les études prouvent (qui est-ce que cela surprend?) que plus une personne passe de temps sur les réseaux sociaux, plus elle est susceptible de déprimer...

 
Prenons un raccourci (volontairement simpliste, donc) : la recherche de perfection serait-elle un frein au bonheur?
 
Je reconnais volontiers me fourvoyer comme 99% de mes semblables dans cette recherche effrénée de perfection. Mais je me soigne* (voir ADDENDUM, ci-dessous), merci.

Se soigner, c'est faire un travail sur soi pour s'extraire de ce schéma consumériste, de cette course. C'est apprendre à cultiver ce que Tal ben Shahar nomme l'optimalisme - par opposition au perfectionnisme.
 
Arrêter de vouloir - par orgueil, arrogance, par asservissement à un diktat culturel et social - être la meilleure dans tout ce que j'entreprends, dans tout ce que je suis. Accepter les échecs, accepter de prendre des risques et de me planter, accepter d'essayer et de me perdre, accepter de m'assumer dans tous mes défauts, toutes mes fragilités, toutes mes névroses.
 

Concrètement pour moi, l'optimalisme consiste à rechercher une forme d'harmonie.
C'est surtout accepter que je dois / nous devons faire des choix et des compromis.

Pourquoi je vous parle de cela?

Car nous étions en province ce week-end. Et j'ai kiffé grave.

Et je me suis rendue compte que - comme toujours - je veux la quadrature du cercle : un job ambitieux, qui paie bien. Et plein de possibilités pour évolouer. Et une super qualité de vie, avec peu de transports en commun, une maison avec jardin, la montagne à portée de main, une offre culturelle débordante, des lieux de vie par dizaines, une météo sympa, des écoles de haut niveau pour mes enfants, un environnement agréable, un voisinage sympathique, et surtout un cercle social de qualité.
 

Et j'ai réalisé qu'il fallait faire des choix.

NON, je ne peux pas avoir une carrière internationale et partir vivre en Province

NON (du moins, c'est difficile) je ne peux pas avoir les postes les plus ambitieux, et demander à quitter Paris.

NON, je n'aurai pas le même cercle social qu'à Paris en partant en province. Du moins, pas le premier jour, et pas en claquant des doigts.

OUI, il est possible d'avoir moins de 2h / 2h30 de transport en commun par jour et de vivre dans une maison qu'on peut s'offrir (en province)

OUI, il est possible d'avoir notre chalet en montagne à 3h de route, plutôt qu'à 9h de route (en province)

OUI, il est possible d'avoir une belle qualité de vie (en province).

 
Bref, et si j'apprenais à faire des choix?


 
ADDENDUM 

Se soigner, c'est aussi (et surtout) être capable d'être dans la bienveillance. Être capable de se réjouir du bonheur des autres : être sincèrement dans la joie pour les autres, avec les autres.

Se soigner, c'est savoir être dans la contemplation. C'est savoir suspendre son jugement, arrêter le temps, pour contempler la beauté. Beauté des moments, beauté (intérieure, extérieure) des personnes, des êtres vivants... mais aussi des paysages, des émotions, ...

Se soigner, c'est savoir que seule compte la qualité, pas la quantité. Jamais la quantité. C'est savoir faire moins de choses, mais en s'investissant à 100%. C'est savoir profiter du moment, en cessant pour un temps de se projeter. C'est arrêter de courir pour cocher les cases. Se soigner, c'est snobber les cases. C'est se donner le temps de chérir ce(ux) qu'on aime.

Petite Pastèque, encore en soins intensifs :)

 

dimanche 26 avril 2015

La mauvaise réputation

"Nul n'est prophète en son pays"
(Jésus de Nazareth)

"La vérité dérange"

"Non, les hommes n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux"

(Georges Brassens, La mauvaise réputation)


A vrai dire, je ne savais pas quel titre choisir pour cet article.

Ce week-end, pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai fait la fête avec ma fratrie (nous sommes 4). Genre la vraie grosse teuf, celle qui fait (très) mal au crâne le lendemain. Celle où tu as bien plané pendant des heures et t'as pas franchement envie d'atterrir (merci d'ailleurs le frangin, c'était OUF)

J'étais joyeuse.

Okay, j'étais carrément pompette. Et mon auto-censure (de rigueur, eh : on est en famille!) est partie dans le décor. Alors j'ai fait ce que j'aime faire. J'ai dansé avec les filles et les garçons. En mode serré avec les filles et les garçons.

Et bien je peux vous dire une chose : ça ne passe pas.

Voilà : je suis adulte et je m'assume (enfin, je crois).

Et ma fratrie est plutôt fière de moi...

Mais voir leur sœur chauffer les filles, ça leur a piqué les yeux. Aucune colère, aucune rancœur de ma part. Je les aime d'amour et ils ne sont que bienveillance à mon endroit. 


Je  "comprends". Et je m'interroge aussi.
Pourquoi ces rappels à l'ordre "Arrête, c'est trop la honte!"


Pour qui "trop la honte"?

Parce que personnellement, pas trop la honte, merci. Enfin, un peu la honte que mon légendaire déhanché se soit souvent transformé en titubations et en fous rires compulsifs (à peine bourrée!)
Mais pas honte de bouger en rythme avec des personnes qui ont du charme, et qui apprécient le contact. Bien au contraire.

Cet épisode me rappelle à quel point mes "positions" sont éloignées des projections transmises par nos parents.

J'ai un immense respect pour l'éducation que nos parents nous ont donnée. La clef de voûte en est le respect et la tolérance. Et nous faisons tous les quatre bon usage de notre libre-arbitre, de notre liberté de penser.

Mais, clairement, il demeure des sphères dans lesquelles les "projections" parentales conditionnent nos opinions, impliquent une certaine rigidité.

L'assouplissement des âmes et des cœurs est un travail au long cours. Détricoter ce qui a été laborieusement tricote, point par point prend du temps. Demande du travail, et du courage. 

De ma part (assumer!) et de leur part (accepter...)

Nous avons du pain sur la planche!

vendredi 24 avril 2015

Pour davantage d'égalitarisme dans nos religions

 Et dans nos vies...

Ce matin je voulais exprimer à une amie que j adore - et qui est juive orthodoxe - ce qui me tient loin du monde (juif) orthodoxe

Je me suis vite rendue compte que j'ouvrais une boîte de Pandore. Dans ma propre tête! :)

Et que cette réflexion était passionnante. Au début je lui ai proposé (par provocation) d'animer à la guitare et au chant une soirée. Pure provocation (ou humour, hein!) car dans le monde juif orthodoxe une femme n'est pas censée faire entendre sa voix.

Entendons-nous (ah ah ah) : la femme a évidemment le droit de parler, mais pas de chanter. Du moins si un homme est susceptible de l'entendre. Pourquoi?

Car il pourrait être séduit.
(Silence de rigueur)

 
De même, une femme ne peut porter de manches au-dessus du coude ou de jupes au-dessus du genoux. Pourquoi? Mutadis, mutandis : si un homme la voit, il pourrait être séduit.
(Silence et yeux fermés, s'il vous plaît)


Bon, je suis cynique car cela me met hors de moi.  Car cela relève de règles écrites par des hommes et pour des hommes (les fa-quoi? Les femmes? Qu'est-ce donc?)  au Moyen-Âge, à partir de ce qui fut pendant des millénaires la "Loi orale".

Résumons : il y a un texte biblique, donc sacré. Et une Loi orale, transmise de générations en générations, et codifiée au Moyen-Âge.

Cette loi orale traite de tous les sujets de la vie juive, notamment les sujets sus-évoqués : pudeur (ou modestie) féminine. Pudeur qui implique la séparation des hommes et des femmes, afin d'éviter aux hommes d'être tentés par les femmes.

 
Maintenant, place à ma position - qui n'engage que ma personne au demeurant.


Je m'inscris en faux avec tout cela. Je considère que ces règles de pudeur ont été transmises et écrites par 50% du peuple juif (les détenteurs de chromozomes XY) pour asservir les autres 50% (les XX). Je considère ces règles comme discriminantes.

Discrimination, oui. Car que je sache il n'est pas interdit aux hommes de chanter, ni de se balader en caleçon ou en Marcel s'ils le souhaitent. Pourquoi?
Car il est évidemment exclu que les hommes puissent séduire par leur ramage ou leur plumage... (en même temps, que celui ou celle qui est séduit par un homme en Marcel se désigne de suite! bon, ok, je sors, c'était juste une tentative d'alléger le propos...)

Parce que les femmes sont bien au-dessus de cela? Parce que les femmes sont vertueuses ?

Foutaises. Le discours fondateur, qui est de dire "Les hommes fonctionnent sous la ceinture et les femmes au-dessus" est faux et discriminatoire. Bien pire encore, il a été érigé per se comme l'argument irrévocable soutenant l'ensemble des règles qui figent l'asymétrie des droits (et devoirs) entre hommes et femmes dans le judaïsme. Asymétrie des droits, donc discrimination. 

 
Je ne nie pas les différences biologiques entre hommes et femmes. Mais selon moi elles sont d'un tout autre ordre (force musculaire plus importante et voix plus grave pour les hommes...) Et quand bien même il existerait une différence dans le taux d'obsession sexuelle entre hommes et femmes, elle serait marginale (biologiquement parlant).

ll suffit de fréquenter des personnes qui s affranchissent de ce que la société projette sur eux pour se rendre compte qu on est proche du 50/50, au pire dans du 60/40 (plus d'hommes) Je vais parler de manière terre-à-terre : je connais autant, si ce n'est beaucoup plus de femmes hyper-phalliques que d'hommes hyper-phalliques.

Nous sommes clairement à des années-lumière du 100/0 que tentent de nous faire avaler les machos qui ont inventé la partie de la loi orale relative a la pudeur. Le plus grave étant que ces mêmes machos veulent nous faire croire que cette notion de pudeur qui ne s'applique qu'aux femmes s'agirait de l exégèse la plus fidèle que l'on puisse faire du texte biblique!!!

 (au secours, les bras m'en tombent!)

 
Alors comment se fait-ce que la théorie du 100/0 convainc autant de monde, y compris des femmes?

Car l'homme est un animal de culture. Oui, j'affirme que ceci n'est qu'une construction culturelle.
 
Car depuis leurs plus jeune âge, on montre et on dicte (nous, les mères et les pères) à nos filles et à nos garçons le comportement que la société attend d'elles / d'eux.

On leur dit qu'elles sont jolies et élégantes / on leur dit qu'ils sont débrouillards et malins.

On  leur dit - à elles - "sois belle et tais-toi". Et on  leur dit - à eux - que la vie réussit aux virils, aux vrais mecs, quoi!

On  leur dit - à elles - d'allumer les bougies, de préparer le repas de shabat, de se faire belles pour accueillir le shabat (... et pour séduire un homme qui va leur faire de beaux enfants)

On  leur dit - à eux - d'étudier la Torah car étant moins vertueux que la femme (l'homme ne pense qu'au sexe, rappelle-toi mon garçon), l'homme doit étudier et prier pour s'élever spirituellement.

On va génitaliser le corps de nos filles à outrance, en se focalisant dessus pour les complimenter et leur expliquer que c'est par ce corps (qu'on ne veut voir) qu'elles vont se réaliser : séduction (du mari), puis maternité (porter les enfants, principal dessein de la femme, malheur à qui n'en veut pas....)

 

Voilà ce qui me tient à distance du monde juif orthodoxe non égalitaire (car il existe un monde juif orthodoxe égalitaire, dit "modern orthodox" - particulièrement répandu aux Etats-Unis et en Israël)

 
(et une fois que nous aurons résolu cette histoire d'égalitarisme, nous pourrons aborder d'autres questions : place des couples de même sexe dans nos religions, etc.)
 

mardi 21 avril 2015

La Gestation pour Autrui. Et pourquoi pas? Et pourquoi pas moi?


Chers amis,

 Aujourd'hui je souhaite aborder un sujet délicat : la Gestation pour autrui (GPA). Je sais à quel point ce sujet cristallise un certain nombre de craintes liées à la conception actuelle et future de la famille. Et pourtant, je vais l'aborder en vous expliquant pourquoi personnellement j'y suis favorable et dans quelles conditions. Plus encore, je tenterai d'analyser pourquoi je suis moi-même tentée de porter un enfant pour autrui. Cette analyse je la mène d'abord pour moi. Je la diffuse ici afin qu'elle puisse enrichir le débat, afin de constituer une base de discussion. Vos réactions, du moment qu'elles sont bienveillantes et constructives, sont tout à fait bienvenues.

 J'aimerais d'abord placer quelques repères dans ma réflexion. De confession juive, j'ai été bercée dans mon enfance par le récit de la Genèse. Notre Sainte Bible (pour au moins trois grandes religions monothéistes) est un ouvrage pragmatique. Nos Pères, nos Patriarches, vivent certaines expériences et émotions d'une humaine banalité. L'amour, la jalousie, l'arrogance, la colère... Mais aussi l'infertilité. La transmission étant au cœur du message monothéiste, l'infertilité ou l'impossibilité de concevoir pour transmettre appelle une réponse.

Ainsi Abraham prend-il - à la demande de sa femme Sarah - pour maîtresse Agar, l'Egyptienne. De même, Jacob s'accouple-t-il avec les servantes de Rachel (Bilha) et de Léa (Zilpa). La Genèse est marquée par ces GPA complètes (Léa et Rachel élèvent les 12 enfants de Jacob comme étant les leurs) et incomplètes (Abraham ne peut, à la demande de Sarah, élever Ismael aux côtéss d'Isaac...)

Or, derrière les arguments des anti-GPA, on entend trop souvent l'idée qu'on voudrait créer ex nihilo une conception nouvelle, délirante, contre-nature de la famille. Aussi j'invite les personnes qui avancent de tels arguments à considérer la Sainte Bible comme un brûlot révolutionnaire et anarchiste!

Je pourrais traiter de la même manière le sujet de l'adoption (inhérent a la démarche de GPA), en citant les exemples de Jonathan, adopté par le roi David. L'exemple prend une dimension encore plus frappante (car relevant d'une transmission intensément spirituelle et mystique) dans l'itinéraire de certains prophètes, je pense en particulier à l'adoption d'Elisée par Élie.

En somme, la Bible est le premier ouvrage à pointer du doigt l'existence de liens du cœur parfois infiniment plus puissants que ceux du sang.

 
Revenons au 21ème siècle, revenons à ma démarche. Je suis une personne adoptée. Je ne peux écrire "enfant adoptée", puisque je l'ai été officiellement à l'âge de 31 ans. Mon histoire est quelconque : des parents divorcés lorsque j'avais 6 ans (ils vivent séparés depuis que j ai 4 ans). Un beau-père généreux et aimant, qui nous a toujours considéré comme ses enfants, sans jamais exiger de nous de réciprocité. Il assume tout ce qu'un père assume (les nuits blanches lorsque nous sommes malades, les heures d'angoisse avant et après les examens et les concours...)
A la mort du père biologique, il nous propose (à mon frère et moi) de manière ouverte et détachée (le refus était facile) l'aventure de l'adoption. Mon ressenti? Le statut nouvellement acquis reflète enfin la réalité des 25 années qui ont précédé :des liens du cœur plus puissants que ceux du sang

Alors je suis prête, moi adulte adoptée, à envisager cela. L'envisager intellectuellement, physiquement. Je suis prête aujourd'hui à imaginer qu'un enfant né de mes entrailles, a fortiori s'il a été conçu après mure réflexion - idéalement dans un cadre adapte (suivi psychologique, sociologique, médical) - puisse grandir au sein d'un foyer dont le noyau est un couple ne pouvant concevoir - fussè-t-il de même sexe.

Que celui qui ne s'est jamais senti impuissant en écoutant un couple en mal d'enfants me jette la première pierre...

Alors je veux croire qu'en matière de GPA, nous pouvons dépasser le schéma trop souvent évoqué de consommation , de consumérisme appliqué à la parentalité, de marchandisation des âmes et des corps.

Je veux croire que l'on puisse envisager l'existence de filiations basées sur la transmission.  Une transmission comparable à celle de l'Alliance, qui s'affranchit des liens du sang, pour replacer au centre le sens (pourquoi avoir des enfants?), l'amour et l'éducation.

Ces propos peuvent faire sourire, être considérés comme des élucubrations d'une jeune personne idéaliste, célibataire et en mal d'enfants, qui se construit de toutes pièces une justification pour concevoir un enfant. Or il en est tout autrement.

Ces propos peuvent soulever des remarques pertinentes, quoique teintées de scepticisme. Ainsi seule une femme qui n'aurait pas porté d'enfant durant 9 mois, qui n'aurait pas vibré jour et nuit au diapason d'un fœtus, qui n'aurait pas vécu ce moment d'intense angoisse et bonheur qu'est l'accouchement... Pourrait envisager de "transmettre" un enfant. Or il en est tout autrement.

 

Pourquoi s'offusquer de ce que quelques couples ne pouvant concevoir s'appuient sur nous - car étant mariée, cette décision est prise conjointement avec mon époux - pour devenir parents?

Pourquoi s'offusquer que mon mari et moi, parents de trois enfants, cadres supérieurs menant de belles carrières, ayons envie de donner la vie, au sens littéral?

Notre engagement est un don, il n'est point question de vendre le fruit de mes entrailles.
Notre engagement n'a d'autres leviers que la générosité et l'envie de transmettre.
Notre engagement est une proposition pour que puissent naître des enfants dont la venue a été précédée d'une réflexion immensément nécessaire.

D'ailleurs, il serait opportun - mais là n'est pas le sujet - que ne puissent naître que des enfants dont la venue a été précédée de cette réflexion.

Pourquoi pointer du doigt la parentalité réfléchie et "aidée" (par des couples et des familles comme la notre)?
Pourquoi refuser à ces couples infertiles de fonder un foyer?

Et ce alors que naissent chaque jour des dizaines enfants (d'unions naturelles), dans des familles n'ayant pas désiré ni prévu ces enfants.
Dans des famille n'ayant pas les moyens (affectifs, financiers) ni l'envie de donner le meilleur à ces enfants
Dans des familles déjà amputées de moitié (le papa est parti des qu'il a su, ou pendant la grossesse ou après la naissance)
Dans des familles où la réflexion et l'anticipation (quelle décision prendre si l'enfant est atteint de maladie, d'anomalie) faisant défaut, la famille a tôt fait de voler en éclats.

 
La monoparentalité ne choque point (elle concerne quelques millions de foyers), bien qu'occasionnant des difficultés majeures notamment pour l'équilibre des enfants (je peux témoigner puisque j'en ai moi-même fait les frais). Si  l'intérêt supérieur de l'enfant doit primer, alors la monoparentalité - bien que souvent la moins pire des solutions - n'est pas optimale. Elle ne permet pas à l'enfant d'avoir deux parents s'aimant et aimant, qui se passent le relais dans l'éducation des enfants et dans la direction du foyer. Elle n'est pas en soi un gage d'équilibre et d'harmonie.

La monoparentalité  ne choque point, malgré tout cela, car elle est le fruit d'une procréation dite naturelle.

En revanche, la parentalité de quelques milliers de couples infertiles, qui souhaitent chérir un enfant depuis longtemps désiré, un enfant qui aura la chance d'etre aimé, choyé, éduqué, accompagné et guidé par un couple stable, harmonieux et équilibré...

Est choquante?

 

Mais quelle est donc cette société qui fait primer l'animalité de la parentalité sur l'intérêt supérieur de l'enfant?

Quelle est donc cette société qui refuse à certains le bonheur que d'aucuns ne peuvent ni ne veulent apprécier?

Quelle est donc cette société qui ferme les yeux sur l'existence d'une filiation, vieille comme le Monde, qui permet une transmission en s'affranchissent des liens du sang?

 

 

vendredi 17 avril 2015

Ces hommes et ces femmes hyper-phalliques


C’est le printemps pour la Pastèque, cela ne fait aucun doute

Depuis 6 semaines
Je suis en émoi, je retrouve une sensibilité aigue à la sensualité des personnes qui m’entourent

Franchement, je pense que je tiens sur Terre uniquement en raison de :
-          Ma fidélité (à mon mari, donc)
-          Codes sociaux, qui proscrivent le pelotage, l’effleurement, l’enlacement, les palots volés

Ne me répondez pas « heureusement » en mode outré genre je suis en train de légitimer le harcèlement de rue.

Aucun rapport : je ne vous parle que de gestes consentis, de tendresse et de bienveillance avec un prolongement charnel, tactile.

Depuis 6 semaines
Je trouve les femmes belles, fraîches, appétissantes, sexy.  Je trouve les hommes irrésistibles, virils.
Enfin, certains hommes et certaines femmes. Mais beaucoup quand même.

Je suis dans cette phase où je trouve de la beauté, du charme à toutes et à tous.
Et lorsqu’à la base existe une attirance, qu’elle ait pour source une admiration intellectuelle, un charisme réel ou supposé, ou une vraie beauté physique… Et bien, je m’envole.

Pas totalement irrécupérable, mais franchement, mes fantasmes (bridés, évidemment) bouillonnent.

 
Et mon radar – vous ai-je déjà dit que j’avais un flair inouï ?
Une capacité à repérer les perles rares (d’ailleurs, c’est ainsi que j’ai choisi mon mari !), à recruter les bonnes personnes, à avoir des amis en or, etc.
Bref, mon fameux radar marche également dans le monde phallique, et me désigne aisément ces personnes hyperphalliques.
Celles qui aiment jouer.

 
Et j’aimerais tellement jouer. Jouer avec ce fil rouge, avec cette limite que je m’impose, que la société m’impose.
Et J’aime mon mari.
Je l’aime d’ailleurs très souvent en ce moment, et avec beaucoup de plaisir.
Et pourtant, les fantasmes continuent de mener une vie intense in my head.

Bref, je fais un effort important pour ne pas me rapprocher trop près des hyper phalliques, parce que j’ai trop peur d’entrer en gravité.
Trop peur d’avoir envie de jouer. Et de ne savoir m’arrêter.

jeudi 16 avril 2015

Beaucoup de poésie in My Head en ce moment :)


Petit poème du jour
Pour mon mari d'amour
D'aucuns disent que l'amour dure trois ans
Or dans une semaine - c'est passé vite, c'est dément!
Nous fêterons les 5 ans de ce OUI
Qui a jailli de nos cœurs comme un cri

Oui à l'amour, d'abord, avec son cortège
De hauts et de bas, de magie et de pièges
Etre libre, c'est avant tout de pouvoir choisir
La personne par laquelle nous allons souffrir
 
Et c'est par lui, avec lui, contre lui, que je souhaite
Vivre, aimer, partager. Mourir. Prête
A avancer, hier comme aujourd'hui
Parce que c'est moi, parce que c'est Lui
Parce que c'est la personne la plus généreuse
Que je connaisse. Parce que je suis heureuse
À ses cotes. Parce que chaque jour je remercie
Mon créateur pour cette belle vie
Non dépourvus de défis, mais quel bonheur
De les relever avec l'élu de mon cœur

Je t aime

mercredi 8 avril 2015

La fille à pédés


Léa
Elle est parisienne, elle est pas présentable, elle est pas jolie,
elle est pas moche non plus.

Léa
Elle a 16 ans. L'âge des premiers émois, l'âge des premiers ébats.
Les fêtes du lycée se succèdent. Léa apprend.
Les attitudes qui plaisent aux garçons. Les mouvements qui leur font tourner la tête. Les gestes qui les rendent fous.
Léa est bonne élève, elle apprend vite. Alors les aînés lui racontent.

Les lieux où vont danser les belles pour ne pas se faire emmerder.

Léa
Elle ne comprend pas. Pourquoi lui raconte-t-on ces fables, à elle qui n’est pas présentable ?
Ah oui, mais qu'elle est baisable. Quand elle danse.
Qu'elle est formidable. Sur de la trance.


 
Alors Léa va. Entre. Antres de garçons.
La première fois n'est pas glorieuse, Léa se sent voyeuse.
Beaucoup de codes à digérer, visibles ou suggérés.
Les fois suivantes sont meilleures : Léa danse, y met du cœur.
Certes, ça touche et ça mate. Surtout pour l'éclate.
Certes, ça serre et ça bande. Mais rarement plus ça ne demande.
Léa adore. Elle en veut, encore.

Léa,
Elle a 19 ans, et une grande école. Parisienne.
Elle est pas présentable, mais devient respectable.
Cours, assoces et podiums
Joint, vodka et rhum
Cul sec.
Cul, sexe. Toujours en durex.
Rien de complexe.

Léa
Se lasse
Des mecs qui veulent l'embrasser quand elle voudrait danser.
Des mecs qui veulent la baiser, quand elle voudrait aimer.

Léa
Elle est tendre.
Elle écoute, elle masse, elle enlace.
Ses gays amis.
Qu'elle rigole, avec ses folles

Qu’elle est démente, avec ses tantes.
Intenses sont les soirées. Délicieux sont les souvenirs.
Douceur et intelligence, bienveillance et reconnaissance.

Léa est une fille.
À pédés.


Léa,
Elle a 22 ans. Elle n'est pas parisienne. Elle est un peu ricaine.
Elle est un brin chinoise, et surtout berlinoise.
Cours, fêtes et partouzes.
Joint, musique et binouze
Avec son vélo, Léa convole
Avec son violon, Léa s'envole


Léa,
Elle a 24 ans. Elle aime les hommes et elle aime les femmes.
Surtout, elle aime l'amalgame.
Elle n'aime pas les cases, elle n'aime pas les cons.

Elle veut juste trouver la bonne, le bon.

Léa
Elle est parisienne. Il n'est pas présentable, mais qu'est-ce qu'on s'en tape.
Léa est amoureuse. Elle est aimée, elle va se marier. Avec un mec en or, qui sait qu'elle adore.

Retrouver de gays amis. Danser jusqu'au bout de la nuit. Se trémousser jusqu'à la lie.


Léa,
Elle a 32 ans. Elle a trois enfants. Elle est respectable, et enfin présentable.
Un brin de folie, une intense vie.
Métro, boulot et famille,
Sport, musique et amis.
Gays.

Comme un aimant. Comme à 16 ans.
Comme à chaque instant.
Une fille. A pédés.