Bonjour et bienvenue

« Si je ne suis pour moi, qui le sera ?
Et si je ne suis que pour moi, qui suis-je ?
Et si pas maintenant, alors quand
? »

(Hillel, Les Maximes des Pères)

Alors voici ce blog. Pour moi. Pour toi, lecteur. Pour ici, et maintenant.


mercredi 1 novembre 2017

Bye bye Pastequeville

Les cartons sont prêts. Il est (très) tard. Les déménageurs arrivent dans une poignée d'heures. À l'excitation d'aller de l'avant, d'ouvrir un nouveau chapitre dans notre vie a succédé l'angoisse de ne pas être prêts le jour J, de ne pas y arriver, de louper une marche importante. Et maintenant, un autre sentiment, plus profond. Une drôle de nostalgie.

Je nous revois il y a 6 ans et demi, posant nos valises et nos guêtres à Nogent. À nos côtés, une puce de 6 mois. Une princesse calme et souriante, que nous installons dans la chambre d'enfant mitoyenne à la notre, tandis qu'une troisième chambre fait office de bureau/chambre d'amis. Et puis, moins d'un an après notre arrivée, une seconde princesse, et puis un troisième petit prince. Les chambres d'enfant sont désormais pleines de vie, remplies a craquer de livres et de jouets. Elles sont même surpeuplées, les petits dorment (ou chahutent!) ensemble. 

Cet appartement est un peu la genèse de notre famille. Ici vous avez tous été allaités, deux d'entre vous y sont nés (enfin presque, façon de parler). C'est ici que vous avez fait vos premiers quatre-pattes, vos premiers pas, vos premiers pipis au pot, vos premiers, seconds, troisièmes anniversaires. Ce fut notre nid, notre cocon. Le guéridon est devenu l'espace autour duquel vous nous invitez chaque matin et chaque soir à jouer à vos côtés. Aux premiers puzzles et dominos ont succédé les Dobble, Puissance 4, dames, MasterMind, Avalanche, Uno et Gagne ton papa. Aux gribouillages ont succédé les aquarelles et les peintures. Aux comptines ont succédé les chansons endiablées que vous réclamez à la guitare, pour chanter (beugler?) et déformer les paroles. Aux tétées ont succédé les repas sur la chaise haute, jusqu'à nos rituels du présent, moments familiaux privilégiés et déjantés que sont les petits déjeuners et les dîners a 5 autour de la table de la cuisine.

Vous êtes encore jeunes, et pourtant, que d'étapes ont été franchies dans ces murs. Vous demandez encore combien de dodos avant la nouvelle maison. Apres ces quelques mots, ça sera moins d'un dodo. Jusque quelques instants pour faire danser dans ma tête les images, les émotions, les moments magiques (fêtes, anniversaires, grossesses, allaitements, mariage) et les moments durs, les harmonies et les dissonances, les fous rires et les angoisses, les silences et le raffut. 

6 ans et demi de vie auprès de vous, mes amours. Mon grand Amour, et mes petits amours. Merci la Vie. 

mardi 18 avril 2017

Il faut relire Dustan


Difficile de parler de l'œuvre de Dustan sans être rattrapée par les sentiments que l'on développe pour l'auteur. La personne, le personnage, est clivant. Il faut le dire.




Pour ma part - et ce n'est pas un sentiment, je vous l'accorde - ce fut durant 34 ans l'ignorance, donc de fait une indifférence totale. Une série de petits hasards concomitants m'ont fait croiser sa route. Il y a, dans mon apprentissage, mon travail personnel, un avant et un après Dustan. D'où cet article, pour partager une source d'élévation (ce qui nous fait grandir mérite bien ce terme, non?)


Après que son nom soit arrivé sur ma route, j'ai - comme tout bon Millenial -  commencé par regarder sur YouTube les prestations médiatiques de Dustan. J'avais envie de pleurer - pour lui. Impression qu'il se donnait en pâture à ses détracteurs. Quelque chose m'a touchée, une forme de fragilité qui tisse son chemin entre deux urgences : celle de ne pas vouloir plaire. D'avoir abandonné sciemment cet écueil dans lequel on nous éduque et qui consiste à rechercher en priorité une forme d'harmonie, de consensus, à chaque pas que l'on esquisse. Cela avilit, enferme la pensée dans une bienséance mondaine, bourgeoise (ou populiste, c'est au choix). Dustan l'a compris, et il ne cherche pas l'assentiment. La deuxième urgence est un besoin d'être aimé pour ce qu'il est, en toute transparence. Etre aimé pour ne jamais totalement disparaître. Il est séropositif depuis janvier 1990 (Il a alors 24 ans). Il se sait condamné. Le temps est compté, il y a urgence.


C'est la clef pour comprendre le début de l'œuvre de Dustan. Sa trilogie première trouve son fondement dans ce que l'autobiographie - comme genre - nous a offert de plus sophistiqué et simple en même temps. Dans un genre totalement nouveau, énergisant et direct. Dustan s'offre, se raconte tel qu'il est. Plus d'imposture possible. Si on doit l'aimer (ce qu'il souhaite, sinon pourquoi écrire? Pour désespérément trouver un agrément paternel? Une tendresse éternelle de la part de ceux qui l'agréent déjà?) alors on l'aime pour ce qu'il est. Ou on le déteste.


Un mot sur cette trilogie : à mon sens, c'est une œuvre dure. Je souhaite ici rendre un immense hommage à Thomas Clerc pour la lumineuse préface qu'il nous offre dans les Œuvres I (éditions POL). Moi qui ait tendance à sauter allègrement les préfaces pour entrer dans le vif du sujet, j'ai frémi d'émotion tant Thomas Clerc éclairait la lecture, l'œuvre et le personnage.


Cette trilogie est à la fois simplissime et difficile d'accès. "Trop de sodomie dans ta prose" écrivait Virginie Despentes. Tellement juste, mais tellement nécessaire. En poursuivant l'œuvre de Dustan, on prend conscience qu'il fallait cette trilogie première pour pouvoir passer à la suite, pour pouvoir - enfin - dépasser ce qui est essentiel, consubstantiel à Dustan : le sexe (comme matière première de son identité, de sa construction mentale, politique, sociale et de son œuvre) pour aller vers le général, vers ce qui le dépasse pour devenir une œuvre utopique, un projet sociétal plein d'espoir (et de désespoir - Dustan savait qu'il mourrait avant que ce projet ne soit mis en œuvre).


Et pourtant, avec le mariage pour tous - 2013, Il s'en est fallu de peu pour que Dustan, décédé en 2005, ne voit le début de son projet prendre corps.



Si le monde n'est pas (encore) prêt à lire ou prose dustanienne, cela arrivera un jour. Le jour où l'urgence se fera sentir pour tout un chacun, et que le monde se partagera entre ceux qui projettent leur survie dans un monde ultra protégé, par la foi, le dogme, la religion, les idéologiques, le clan, l'obéissance à des règles dont personne ne conteste la légitimité, Ni la vertu.


Et ceux qui projettent leur salut dans un monde libre, libéré des contraintes qui pèsent sur nous depuis la tendre enfance. Il y a une utopie dans l'œuvre de Dustan. Une urgence de vivre libre - donc pas seulement de (sur)vivre. Il est possible de libérer l'homme du travail en recherchant les alignements existants entre travail et plaisir. A ce titre, Dustan est pour moi un héritier absolu de Charles Fourier.

Il est possible (nécessaire!) de remettre au coeur de nos vies ces plaisirs "coupables" ou brodés de mort : le sexe, la musique (la danse), la drogue. Et permettre à tout un chacun de s'adonner en toute liberté à ces plaisirs. Sans avoir à se déterminer dans un genre donné (Dustan revendique la coexistence pacifique d'un homme et d'une femme dans un même corps), une orientation sexuelle donnée. En mettant fin à une société patriarcale, monogamique, familiariste, sexiste, homophobe et raciste.


L'histoire a voulu que je dévore l'essentiel de l'œuvre de Dustan durant la semaine de Pessah, cette année. Cette fête juive (Pâques) durant laquelle nous célébrons la liberté - historiquement, la sortie d'Égypte.

"Considère-toi à chaque generation comme si tu étais toi-même sorti d'Égypte"

(Haggadah de Pessah)


Cette année, Dustan m'a faite sortir d'Egypte.
Le souffle de liberté qu'il provoque dans ma vie est sans retour possible.



PS, pour un aperçu, une bonne introduction.


vendredi 17 février 2017

Sexe planifié : bonne idée!


(Et un bon secret de Polichinelle)

J'ai bien ri, j'avoue, en lisant l'article de The Indépendant Why scheduling sex is a good idea?
 
J'ai ri. Non pas parce que je trouve cette thèse stupide - bien au contraire.
Mais n'est-on pas ici en train de (re)découvrir le fil à couper le beurre? Ce n'est ni plus ni moins du bon sens.
 
Tous les couples qui vivent des relations à distance, tous les couples séparés qui projettent leurs retrouvailles, tous les amants et amantes engagés dans des relations extra conjugales vous le diront : ils connaissent peu ou prou la prochaine date à laquelle ils vont faire l'amour / baiser / monter au rideau ou plus humblement sur leur partenaire. Et c'est ce qui les fait tenir!
 
Pourquoi en serait-il différent au sein des couples baignant dans la routine?

Prévoir un créneau de sexe et s'y tenir. L'évoquer et partager des fantasmes avant l'heure H permet de nourrir et d'enrichir la complicité, le lien, l'érotisme au sein du couple.
 
Alors : oui, je trouve qu'une journée qui commence par du morning sex inopiné est un signe de bonne santé du couple

NB, cela requiert en vérité un certain alignement de planètes ! A minima que la voisine du dessus ait pensé à débrancher son réveil, que le magasin d'en bas fasse assez de bruit pour nous réveiller avant les enfants, que lesdits enfants n'aient pas été révéillés par une fringale / pipi-caca, que nous ne soyons pas trop fracassés par la journée/ soirée de la veille, qu'aucun d'entre nous ne soit déjà parti au boulot... Et surtout que nous en ayons tous deux envie!) 

Il n'empêche :)
Prévoir du sexe ET en improviser parfois : fromage et dessert. Miam, quoi!

Contraception : et si on revoyait nos fondamentaux ?


Comme disent les anglo-saxons : Back to basics!
Plus j'entends parler de grossesses non désirées chez des jeunes femmes (tranche d'âge 17-23 ans), plus j'ai des boutons.

Attention : qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'écris pas. J'écris que cela me désole.


Car je ne connais pas une fille de mon entourage ayant eu recours à l'IVG pour qui ce moment n'a été une épreuve physique, psychologique, voire les deux. Pas question d'empêcher les femmes d'être maîtresses de leur corps : il faut garantir à celles qui ne souhaitent pas garder un embryon / fœtus la possibilité de choisir.

 

220 000 IVG en France chaque année.

Dont 10% chez les moins de 20 ans.

 

Comment en sommes-nous arrivés là?

Et si nous repensions simplement notre rapport à la contraception de l'adolescente / de la jeune adulte?

 

Je me souviens bien de ma première consultation gynécologique. J'avais 16 ans. D'abord les premières questions du type : A quel âge avez-vous eu vos règles pour la première fois? Êtes-vous réglée régulièrement? Puis d'autres, que j'ai trouvé à l'époque très intrusives : Avez-vous des relations sexuelles? Vous protégez-vous?


S'en est suivie une prescription de pilule contraceptive, motivée en premier lieu pour venir à bout de mon acné juvénile. J'ai pris la pilule (celle-ci, puis d'autres) durant plus de 10 ans. Jusqu'à arrêter la contraception pour fonder un foyer. Notre foyer étant au complet, j'ai un stérilet en place. Il fait le boulot. Du très bon boulot. Aucune douleur à la mise en place/ au retrait.
Et une question: maintenant que des stérilets pour nullipares sont disponibles sur le marché... Qu'attend-on pour poser un stérilet aux jeunes femmes venant en première consultation gynécologique?

 

Imaginez les conséquences !!! Un stérilet, posé entre 16 et 21 ans. A 21 ans, la jeune femme décide si elle veut en remettre un (si elle n'a pas de projet familial dans un temps proche) ou non.

 

Gain d'argent = considérable

Pour la société (je pense aux pilules remboursées) comme pour les jeunes femmes (pilules non remboursées). Certaines avouent clairement que sortir 150€ par an pour leur contraception... Est une pilule difficile à avaler. Nombreuses d'entre elles / des milliers de jeunes couples finissent chaque année par renoncer à cette dépense et la remplacer par des préservatifs (avec les risques de déchirement que l'on connaît) ou - pire encore - le retrait!

 

Un stérilet couté entre 30€ et 70€. Il est efficace 5 ans. Aucun autre moyen contraceptif ne peut se targuer de couter entre 50 cents et 1€ par mois - à la société / personne qui l'utilise.

 

Gain de sérénité : évident.

Quelle jeune femme ne s'est pas retrouvée sur un forum à faire des recherches compulsives suite à un oubli / retard de prise de quelques heures de sa pilule?

On peut aussi évoquer les décalages horaires, les conditions sanitaires en voyage - diarrhée, etc, les interactions avec d'autres prescriptions médicales. Sans oublier le risque - aujourd'hui mieux connu - connu d'accident cardio-vasculaire pour certaines catégories de patientes. Il est temps de proposer une alternative, non?

 

D'autres exemples ? Je ne compte plus les amies (et moi-même) qui se retrouvent à prendre en catastrophe une pilule du lendemain- juste au cas où! (Et je confirme : cela bouleverse le cycle, durablement!) Ou de ces jeunes femmes qui tombent enceinte dans les deux premières semaines de prise de la pilule (car : oui, la prise de la pilule n'empêche pas le cycle de s'échapper les deux premières semaines!)

 

Enfin, j'ai grandi avec l'idée que la pilule contraceptive est à la contraception ce que la démocratie est aux régimes politiques : le pire des systèmes à l'exception d'aucun autre. Il est temps de faire évoluer ceci!!! Aujourd'hui, les progrès de la médecine nous offrent des alternatives dont nous serions les premières à pouvoir/ devoir bénéficier, si le corps médical (médecinS généralistes, service médicaux dans les lycées, médecine du travail, et évidemment gynécologues) s'en donnaient les moyens.

 

Cessez de nous infantiliser! Ce n'est pas parce qu'une femme n'a pas accouché qu'elle ne peut entendre ce qu'est le col de l'utérus ! Toute femme peut comprendre qu'on a la possibilité de placer un instrument de petite taille de l'autre côté de cette frontière, à l'intérieur de l'utérus!

 

Et s'il vous plaît, vous, les dieux du marketing : inventez un autre nom que STÉRILET. Car je crois que c'est l'un des freins majeurs - pour les patientes comme pour les médecins.
Appelez cela : DIU par exemple (dispositif intra utérin) et on y est!

 
Personnellement, je regrette de ne pas avoir eu entre 16 ans et 26 ans de DIU en place.
Il y en aurait eu deux (16-21 ans, puis 21-26 ans). Cela aurait coute 150€ à la société, en 10 ans. Avec les frais de mises en place et de retrait, on aurait peut être atteint 300€. Pour 10 ans de cycles, soit 120 cycles. 2,5€ par cycle. Qui fait mieux?

 

Et vous savez quelle aurait été la cerise sur le gâteau ? (Outre l'économie de consultations ou de tests de grossesse pour un oui, un non, un retard, un oubli ou une chiasse)



Durant toutes ces années de DIU, j'aurais eu un cycle. Un vrai cycle. Non simulé comme sous pilule. De vraies ovulations, des règles "physiologiques", des montées et descentes hormonales qui sont aujourd'hui de grands repères pour moi. Pour connaître mon corps, mon désir, mes humeurs, qui je suis.

Impression que cette pilule - que j'ai tant aimé, qui m'a tant servi, tant accompagné aux 4 coins du monde - m'a aussi un peu caché qui je suis "pour de vrai"

 

Aujourd'hui, avec mon DIU, je sens arriver ma période ovulatoire, mon désir exacerbe, tout comme je sens le pic de désir juste avant que mes règles ne débarquent de nouveau.

Je suis sous contraception, et mon corps est libre, non muselé par des hormones qui lissent ma déconfiture et mon désir.

 

Et pour celles qui se posent la question (à qui le mot stérilet fait peur, par exemple !) j'ai eu un DIU entre mon deuxième et troisième enfant. Et suis tombée enceinte de mon troisième enfant avec autant de facilité qu’après avoir arrêté la pilule. En deux mots : aucun impact du DIU sur ma fécondité!

 

Apres pilule mon amour, place à DIU, mon amour.

Et vous, vous essayez bientôt ?