J'avais 21 ans quand T est entré dans ma vie. Il n'en ai jamais complètement sorti. Une forme de tendresse me lie aux personnes qui ont compté dans ma vie. A moins que cela ne révèle une incapacité à laisser partir les proches, à me détacher.
J'avais 21 ans et le contexte était particulier : je remarchais sans béquilles ni fauteuil roulant depuis peu. Rescapée d'un grave accident, je m'en étais tirée vivante, mais en morceaux. 8 mois après l'accident, si j'avais le corps encore rempli de métal, je pouvais néanmoins me mouvoir sans artifices. Ce qui constituait un progrès remarquable.
Famille, amis et professeurs me couvaient d'attention. Et, centrée sur mes études, la rééducation, mes élèves, je n'ai pas vu passer ces 8 mois. Consciente d'être une survivante, je trouvais tout beau, merveilleux. Chaque jour était un cadeau, un bonus que la Vie m'offrait.
Mais un manque est apparu. Depuis 9 mois, aucun homme, aucune femme ne m'avait prise dans ses bras. Ce n'était pas tant le sexe qui me manquait que la complicité intime que je pouvais vivre avec mes partenaires. Alors je me suis inscrite sur un forum. Très rapidement, j'ai échangé avec T, avec qui j'avais des connaissances communes. Et peu de temps après nos premières discussions, il m'a convié à le rejoindre chez lui, pour finir la discussion autour d'une bonne bouteille.
Ce fut une vraie rencontre. Si les motivations qui m'avaient conduites sur le forum étaient explicites, lorsque nous nous sommes retrouvés ensemble avec T, j'ai surtout vécu un moment de connivence. Une belle rencontre. Et quand nous nous sommes allongés côte à côte, j'ai presque été surprise qu'il me prenne dans ses bras. Cette scène nous fait encore sourire aujourd'hui. Devant ma mine surprise, il s'est excusé et m'a dit "tu fais comme tu le sens".
Heureusement que j'ai "senti" qu'il était bon de lâcher prise et de sortir de ma zone de confort. Jamais, alors, je n'avais rencontré une personne via Internet (c'était les balbutiements de ce mode de rencontre, Meetic et Tinder n'existaient pas!)
Et soudain, je me suis retrouvée avec un vrai compagnon de jeux. Un sacré joueur : une personne dont l'appétit sexuel était supérieur au mien. Une première! Je devais le supplier d'arrêter de me pénétrer, de me toucher, pour pouvoir dormir quelques minutes. C'était fou.
Nous n'étions pas "ensemble" a proprement parler. Nous nous retrouvions pour des séances de jeux nocturnes, parfois diurnes. Et c'était délicieux. Je commençais à m'attacher bien plus que je ne voulais bien le reconnaître.
Notre relation a duré environ 3 mois. Et la fin de cette relation a été capitale pour la suite de ma vie. Une nuit, T me dit "je ne te sens pas à l'aise". Ce n'étais pas faux, ni totalement vrai. J'étais bien avec lui. Mais je suis une idéaliste, une rêveuse. Et j'aurais souhaité une complicité qui dépasse le cadre de son matelas, de son studio. Et clairement, ce n'était pas le chemin pris par notre relation. Quelque chose etait incomplet. Et la passionnée en moi, celle qui rêve d'absolu, etait frustrée. Alors il m'a dit "je te propose qu'on s'arrête là"
J'ai eu mal, quand il a dit ces mots. Il était déjà très tard. Trop tard pour reprendre la voiture et partir. Nous nous sommes allongés côté à côte. Comme le premier soir. Et lorsqu'il m'a prise dans ses bras, j'ai eu un moment de recul.
What the fuck?!
(C'est le cas de le dire)
Non seulement T me plaquait comme une malpropre, mais en plus, il voulait "profiter" de moi jusqu'au bout!
Qu'est-ce qui s'est libéré en moi à ce moment là? Que me suis-je dit?
"C'est la dernière fois que tu le vois!"
Tu n'en as plus rien à faire de ce mec.
Je me suis sentie totalement libre. D'être comme si plus aucun regard ne pesait sur moi. Son regard n'avait plus d'importance. Je me suis sans doute conduite avec une décomplexion à laquelle je ne l'avais pas habitué. J'ai osé dire "plus comme si", "un peu comme ca". Il avait perdu l'ascendant qu'il avait sur moi. J'avais confiance. En moi, en mon instinct, et je l'ai guidé en le chosifiant autant qu'il m'avait chosifiée en me jetant quelques minutes avant.
C'est à ce moment là que c'est arrivé. Je l'ai senti venir. Et j'ai continué à dérouler la pelote. L'orgasme, la jouissance. L'explosion de plaisir. Car si j'avais (évidemment) pris du plaisir avec lui et ceux d'avant, jamais je n'avais joui avec une autre personne que moi-même!
Pour la première fois de ma vie, un orgasme m'a traversé de part en part, avec ses soubresauts précurseurs et ses échos. Me plongeant dans une béatitude caractéristique pendant de longues minutes. T était perdu. Il m'a demandé si j'allais bien. Je lui ai répondu dans un sourire "oui, je viens de vivre le premier orgasme en faisant du sexe avec un autre que moi-même"
T était surexcité. Il a voulu recommencé de suite. Je l'ai gentiment éconduit.
Le lendemain, rebelote. Pour lui, mon premier orgasme signifiait la non-fin de notre relation. Ce a quoi j'ai répondu
"Tu as dit que c'était fini. Donc c'est fini"
T m'en a longtemps voulu d'avoir mis fin à la relation (oui, car dans le cerveau d'un homme, c'est moi qui ai arrêté la relation! ;))
Quant à moi, j'avais trouvé le chemin. Du plaisir avec un partenaire. Et je ne l'ai jamais perdu.
Voili voulou mes Loulou. En espérant que ce texte vous fera du bien et vous inspirera :)
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