Bonjour et bienvenue

« Si je ne suis pour moi, qui le sera ?
Et si je ne suis que pour moi, qui suis-je ?
Et si pas maintenant, alors quand
? »

(Hillel, Les Maximes des Pères)

Alors voici ce blog. Pour moi. Pour toi, lecteur. Pour ici, et maintenant.


mardi 31 mai 2016

Sexologie, acte 5 : DAO comme Droit A l'Orgasme (féminin)


Chers lecteurs

Si la jouissance n’est pas une condition nécessaire au plaisir (il y a du plaisir en dehors de l’orgasme), et si la sexualité doit se préserver de toute tentation de performance, je refuse de voir dans l’orgasme féminin une performance. Atteindre l’orgasme devrait être simple, naturel. Et lorsque nous en avons envie. Seule ou avec un / une partenaire.

 
Peut-être que je me fourvoie à appliquer ce qui est vrai pour moi à toutes les femmes. Mais…
Lorsque je mate un porno, c’est pour prendre du plaisir. ET jouir
Quand je fais l’amour, c’est pour prendre du plaisir, en donner. ET jouir
(et beaucoup d’autres choses : la complicité, la tendresse, la folie, la douceur, l’intimité partagée, …)

Je veux comprendre pourquoi les filles n’atteignent pas l’orgasme quand elles le veulent, avec qui elles veulent, comme elles veulent.

Au hasard des conversations, des idées ont éclos. Le plus souvent soufflées par Miss S  - notre déesse à toutes et tous (Meet-up POWER)
Alors je partage. Pour nous donner ce pouvoir, à toutes. 


 
Un Droit à l’orgasme. D.A.O. * Empowerment*

 
Et aussi, pour donner ce pouvoir à tous. Oui, à vous, messieurs.
J’aimerais vous donner le pouvoir de faire monter toutes vos partenaires au 7ème ciel.

Quelle que soit votre complicité, votre état d’esprit, quel que soit son passé (à elle), son passif, quelle que soit la durée ou l’ancienneté de votre relation.

 

 #1    Les filles : masturbez-vous (seule) !

Explorez-vous. Prenez le temps de le faire.
Quelle que soit notre aisance avec notre corps et la sexualité : back to basics !

Allongez-vous, nue. Ecartez les jambes. Prenez une glace. Et mettez les doigts : caressez, soulevez, écartez, découvrez -vous !

Mettez les deux doigts, décapuchonnez votre clitoris si nécessaire. Rendez service à votre poignet : prenez un vibromasseur.
Jouez avec.

Une fois que vous êtes confortable avec une position donnée, faites-vous jouir dans toutes les positions possibles :
Allongée sur le ventre, sur le dos.
Debout. Assise.


Faites-vous jouir dès que vous en avez envie.
Faites-vous jouir partout.

C’est une vraie recharge énergétique. ET très apaisante en même temps. Où que vous soyez (au bureau, au resto, chez des amis), dès que vous êtes en confiance avec votre plaisir, rien de tel que de s’enfermer quelques minutes aux toilettes. Debout, adossée à la porte des toilettes, caressez-vous, faites-vous jouir.

Vous verrez, vous reviendrez à votre bureau les joues un peu rouge, mais très sereine.

Pour les plus intrépides : continuez à jouer :)

Les variantes sont infinies :
-          Se faire jouir sans se toucher. Ne serait-ce que par visualisation
-          Se faire jouir en rajoutant une pénétration vaginale (un vibromasseur ou un gode sont parfaits !)
-          Se faire jouir en rajoutant une pénétration anale (utilisez un plug !)

 Bref, explorez votre corps. Déclinez l’orgasme.

Non seulement vous prendrez votre pied, mais vous verrez également se développer votre cardio, votre sangle abdominale, votre périnée. Et vos endorphines.

Et si vous êtes à cours d’inspiration, lisez l’excellent Liberating Masturbation de Betty Dodson

 
 
#2    Si possible, arrêtez la « chimie »

Attention, je ne vous conseille pas d’arrêter la contraception, il y a d’autres moyens en dehors de la pilule (implant, stérilet – cela fonctionne même pour les nullipares, anneau vaginal)

Mais je pense sincèrement, au vu des témoignages recueillis autour de moi, qu’absorber de la chimie au niveau général n’est pas terrible pour la libido.

 

#3    Masturbez-vous devant votre partenaire

Cette étape est fondamentale. Ne faites pas l’impasse dessus. Chérissez là.
Car c’est peut-être la plus importante de toutes les étapes
Celle qui fait le lien entre votre capacité à prendre du plaisir seule, et votre habilité à en prendre avec n’importe quel partenaire.

 
Concrètement, faites la même chose que ce qui est décrit dans le  point 1. Avec lui. En sa présence.
Sous son regard. En le regardant, si vous y parvenez.
La complicité que vous allez créer avec cet eye contact est centrale.

Vous n’allez pas être déçue : en toute logique (fonctionne dans 95% des cas), votre partenaire sera très excité et aura envie de se « joindre à la fête »
De joindre ses doigts aux vôtres.
De joindre son corps au vôtre.

 
N’hésitez pas à prévoir de quoi jouer ensemble. Des sex toys (godes, plugs, vibros, etc.) seront très appréciés !

 
#4   Faites-vous jouir en utilisant le corps de votre partenaire

Une fois que c’est parti, n’hésitez pas à suggérer, avec des mots ou des gestes.
Demandez-lui de s’approcher.

S’il a le sexe en érection, demandez-lui de s’allonger sur vous et écartez vos jambes
Et frottez son sexe contre votre clitoris (comme vous utilisez avant vos doigts ou votre vibro)

En un mot : masturbez-vous avec son corps. Avec son sexe.
Avec ses doigts, aussi. J’adore faire cela.

Je prends la main de mon partenaire, et je la pose sur mon sexe, au niveau du clitoris.
Puis je pose ma main au-dessus de la sienne. Et j’initie les mouvements. Je les imprime à sa main, qui touche mon sexe.

Cela me permet de donner le rythme, la force, le type de frottement (effleurement ou caresse appuyée) dont j’ai envie.

Et s’il est adepte des cunis, alors demandez-lui de vous lécher, de vous mordre, de vous titiller. En le guidant de vos doigts. Ou de vos mots.

 
#5   Matez du porno ensemble

Si vous êtes fan, dites-lui. Il n’y a aucune honte à mater du porno !!!

Dites-lui quelles scènes / quels tags vous excitent. Ce qui ne vous fait pas tripper.
Laissez-vous allez à vous caresser, à le caresser. Prenez sa main pour vous caresser.

Ne vous censurez pas.

Abandonnez-vous. Allez jusqu’au bout.
 
Avec ses doigts (vous verrez, il décrochera complètement du film, 1000 fois plus excité en vous voyant jouir qu’en matant les X performers !)

Assumez vos fantasmes. Tous les goûts sont dans la nature et tous les goûts sont permis

Rappelez-vous qu’il n’y a rien de dégradant tant que c’est fait dans le respect de chacun, et la bienveillance.

 
#6    Les filles, ne simulez pas

Aucun intérêt.

 

#7   Messieurs, n’attendez pas que votre partenaire vous le demande pour la faire jouir !

Ce n’est pas parce qu’elle ne vous réclame pas de la faire jouir qu’elle n’en a pas envie.
C’est à vous de prendre le lead, en premier lieu !
Elle vous fait jouir ? Fine. Good for you. Alors, donnez-lui la pareil :)

Demandez-lui ce qu’elle aime. Ce qu’elle aime qu’on lui fasse. Ce qu’elle voudrait faire avec vous !

Demandez-lui de guider votre main, votre langue, votre sexe (contre son clito, mais ailleurs aussi, elle a sans doute d’autres zones érogènes)

Demandez-lui si elle aime plus ou moins brutal, des mots plus ou moins coquins, des coups de reins plus ou moins rapides, forts, profonds.

Ecoutez la, simplement.


 

#8    Changeons nos référentiels culturels

Ils ont un rôle indéniable dans le fait que beaucoup considèrent qu’un rapport se résume à une jouissance masculine. Et basta pour la jouissance féminine.

Un exemple ?
Le « quickie ». Autrement dit un rapport sexuel rapide, entre deux portes, deux eaux, deux feux.

Souvent représenté à l'écran. Mais dans combien de films voit on l'homme se mettre à caresser ou lécher intensément sa partenaire après avoir joui, car elle n’a pas atteint l’orgasme durant les 90 secondes qu'a duré le rapport ?

Dans combien de séries le rapport n’est pas fini tant que la partenaire n’a pas joui ?

Si j’étais réalisatrice de films (porno ou mainstream), je mettrai en scène la jouissance féminine. Cette laissée pour compte de la sexualité occidentale.

 

#9    Parlons d’orgasme

Je pense qu’il faut dé-tabouïser l’orgasme, la jouissance féminine. Il y a comme une honte à l’évoquer.

Parler de masturbation féminine est un bon exercice. Je vois certains interlocuteurs piquer un fard.

Evidemment, la société nous réduit quelque part à un rôle d’utérus (recevoir la semence, faire pousser les petits d’homme), voire d’orifices (pour être le réceptacle de la semence, où que cette semence se plaît à sortir).

Remettre le cliotoris, dont l’unique fonction est (faut-il le rappeler !) de procurer du plaisir au cœur du débat est une juste réponse au déni dont il fait l’objet depuis trop longtemps

 

#10   Parlons vraiment d’orgasme

Racontons à nos partenaires comment nous vivons l’orgasme
Ce que nous ressentons, ce que nous vivons, ce que nous visualisons

Apprenons-leur à reconnaître les signes avant-coureur : le clitoris qui commence à se durcir, la lubrification qui se fait plus intense, le souffle qui devient court

Apprenons-leur à faire durer l’orgasme : en poursuivant les caresses (digitales, buccales, sexuelles) durant l’orgasme, on peut le faire durer.

A condition de respecter un certain rythme, une certaine force, que votre partenaire vous indiquera

 Apprenons-leur à reproduire l’orgasme plusieurs fois de suite : de nombreuses filles (j’en fais partie) connaissent des échos (plusieurs orgasmes d’affilée)

Eveillons-les au souffle de feu, qui permet de reprendre – grâce à une respiration abdominale intense – une pente qui mène droit à l’orgasme. Again and again

 

 

Voilà, il y a de quoi faire. Pour tout le monde ! :)

Vive le DAO !!!


 

 

 

mercredi 4 mai 2016

Sexologie, acte 4 : "Il etait une fois..."

J'avais 21 ans quand T est entré dans ma vie. Il n'en ai jamais complètement sorti. Une forme de tendresse me lie aux personnes qui ont compté dans ma vie. A moins que cela ne révèle une incapacité à laisser partir les proches, à me détacher. 

J'avais 21 ans et le contexte était particulier : je remarchais sans béquilles ni fauteuil roulant depuis peu. Rescapée d'un grave accident, je m'en étais tirée vivante, mais en morceaux. 8 mois après l'accident, si j'avais le corps encore rempli de métal, je pouvais néanmoins me mouvoir sans artifices. Ce qui constituait un progrès remarquable. 

Famille, amis et professeurs me couvaient d'attention. Et, centrée sur mes études, la rééducation, mes élèves, je n'ai pas vu passer ces 8 mois. Consciente d'être une survivante, je trouvais tout beau, merveilleux. Chaque jour était un cadeau, un bonus que la Vie m'offrait. 

Mais un manque est apparu. Depuis 9 mois, aucun homme, aucune femme ne m'avait prise dans ses bras. Ce n'était pas tant le sexe qui me manquait que la complicité intime que je pouvais vivre avec mes partenaires. Alors je me suis inscrite sur un forum. Très rapidement, j'ai échangé avec T, avec qui j'avais des connaissances communes. Et peu de temps après nos premières discussions, il m'a convié à le rejoindre chez lui, pour finir la discussion autour d'une bonne bouteille.

Ce fut une vraie rencontre. Si les motivations qui m'avaient conduites sur le forum étaient explicites, lorsque nous nous sommes retrouvés ensemble avec T, j'ai surtout vécu un moment de connivence. Une belle rencontre. Et quand nous nous sommes allongés côte à côte, j'ai presque été surprise qu'il me prenne dans ses bras. Cette scène nous fait encore sourire aujourd'hui. Devant ma mine surprise, il s'est excusé et m'a dit "tu fais comme tu le sens".

Heureusement que j'ai "senti" qu'il était bon de lâcher prise et de sortir de ma zone de confort. Jamais, alors, je n'avais rencontré une personne via Internet (c'était les balbutiements de ce mode de rencontre, Meetic et Tinder n'existaient pas!)
Et soudain, je me suis retrouvée avec un vrai compagnon de jeux. Un sacré joueur : une personne dont l'appétit sexuel était supérieur au mien. Une première! Je devais le supplier d'arrêter de me pénétrer, de me toucher, pour pouvoir dormir quelques minutes. C'était fou. 

Nous n'étions pas "ensemble" a proprement parler. Nous nous retrouvions pour des séances de jeux nocturnes, parfois diurnes. Et c'était délicieux. Je commençais à m'attacher bien plus que je ne voulais bien le reconnaître. 

Notre relation a duré environ 3 mois. Et la fin de cette relation a été capitale pour la suite de ma vie. Une nuit, T me dit "je ne te sens pas à l'aise". Ce n'étais pas faux, ni totalement vrai. J'étais bien avec lui. Mais je suis une idéaliste, une rêveuse. Et j'aurais souhaité une complicité qui dépasse le cadre de son matelas, de son studio. Et clairement, ce n'était pas le chemin pris par notre relation. Quelque chose etait incomplet. Et la passionnée en moi, celle qui rêve d'absolu, etait frustrée. Alors il m'a dit "je te propose qu'on s'arrête là"

J'ai eu mal, quand il a dit ces mots. Il était déjà très tard. Trop tard pour reprendre la voiture et partir. Nous nous sommes allongés côté à côte. Comme le premier soir. Et lorsqu'il m'a prise dans ses bras, j'ai eu un moment de recul.

What the fuck?!
(C'est le cas de le dire)

Non seulement T me plaquait comme une malpropre, mais en plus, il voulait "profiter" de moi jusqu'au bout!
Qu'est-ce qui s'est libéré en moi à ce moment là? Que me suis-je dit? 

"C'est la dernière fois que tu le vois!" 
Tu n'en as plus rien à faire de ce mec.
Je me suis sentie totalement libre. D'être comme si plus aucun regard ne pesait sur moi. Son regard n'avait plus d'importance. Je me suis sans doute conduite avec une décomplexion à laquelle je ne l'avais pas habitué. J'ai osé dire "plus comme si", "un peu comme ca". Il avait perdu l'ascendant qu'il avait sur moi. J'avais confiance. En moi, en mon instinct, et je l'ai guidé en le chosifiant autant qu'il m'avait chosifiée en me jetant quelques minutes avant.

C'est à ce moment là que c'est arrivé. Je l'ai senti venir. Et j'ai continué à dérouler la pelote. L'orgasme, la jouissance. L'explosion de plaisir. Car si j'avais (évidemment) pris du plaisir avec lui et ceux d'avant, jamais je n'avais joui avec une autre personne que moi-même! 

Pour la première fois de ma vie, un orgasme m'a traversé de part en part, avec ses soubresauts précurseurs et ses échos. Me plongeant dans une béatitude caractéristique pendant de longues minutes. T était perdu. Il m'a demandé si j'allais bien. Je lui ai répondu dans un sourire "oui, je viens de vivre le premier orgasme en faisant du sexe avec un autre que moi-même"

T était surexcité. Il a voulu recommencé de suite. Je l'ai gentiment éconduit.
Le lendemain, rebelote. Pour lui, mon premier orgasme signifiait la non-fin de notre relation. Ce a quoi j'ai répondu 
"Tu as dit que c'était fini. Donc c'est fini"

T m'en a longtemps voulu d'avoir mis fin à la relation (oui, car dans le cerveau d'un homme, c'est moi qui ai arrêté la relation! ;))

Quant à moi, j'avais trouvé le chemin. Du plaisir avec un partenaire. Et je ne l'ai jamais perdu. 

Voili voulou mes Loulou. En espérant que ce texte vous fera du bien et vous inspirera :)