Bonjour et bienvenue

« Si je ne suis pour moi, qui le sera ?
Et si je ne suis que pour moi, qui suis-je ?
Et si pas maintenant, alors quand
? »

(Hillel, Les Maximes des Pères)

Alors voici ce blog. Pour moi. Pour toi, lecteur. Pour ici, et maintenant.


lundi 23 février 2015

De l'art de parler de religion et d'altérité à nos enfants

Ma fille aînée (4 ans et 3 mois) s'est étonnée vendredi dernier - c'est la première fois - que sa nounou ne" fasse" pas shabat

 Je définis de suite ce que "faire shabat" signifie pour ma fille : c'est un dîner familial précédé d'un allumage de bougies et de chants d'accueil du shabat. Nous procédons également à la sanctification du vin (kiddoush) et du pain - miam, le pain brioché fait maison! - ainsi qu'à  la bénédiction des enfants par les parents.

Ah oui, j'oubliais le plus important : la mousse au chocolat en dessert (une tradition très shabatique chez nous!)


Bon, revenons aux choses sérieuses. Certes, ma fille s'est étonnée... Mais ne m'a pas posé de questions!

Et je sens bien que sous ses airs de "grande" et en dépit d'une maturité certaine dans d'autres domaines, elle ne se pose pas encore de questions.

Ouf. Cela nous laisse un peu de temps (peut-être quelques heures - sait-on jamais ce qui m'attend ce soir en rentrant à la maison! ;)) pour peaufiner une réflexion.

En deux temps :
- comment aborder la question de Dieu avec mon enfant (la première fois)
- comment l'éveiller à l'altérité ?


Au risque de paraître un peu dramatique, ces questions d'apparence basique sont cruciales : les mots que nous allons employer pour répondre à notre enfant formeront une esquisse.

L'esquisse d'une identité, qu'elle s'appropriera un jour pour devenir une citoyenne, citoyenne française, citoyenne du monde. Citoyenne qui se déterminera par rapport au judaïsme de ses parents.

L'esquisse également de ce fameux vivre-ensemble, qui nous parle tant (à nous, ses parents).

 Responsabilité vertigineuse que la nôtre!


1. Parler de Dieu à notre enfant

Mon mari et moi en avons parlé, et voici la manière avec laquelle nous envisageons d'aborder le sujet.

Nous attendons que la question vienne de l'enfant (après chacun fait comme il le sent) Nous ne sommes ni des professionnels de l'enseignement, ni rodés en la matière (c'est l'aînée...) Aussi sommes-nous bien conscients que nous ferons des erreurs, mais surtout nous ferons de notre mieux...

 Nous allons partir de notre expérience, et de notre témoignage.

Autant éclaircir le sujet de suite (ou plutôt le synthétiser car à lui-seul, on pourrait en écrire quelques livres), le judaïsme est pour nous : une foi (croire en Dieu), une culture (à ce titre, notre fille est "juive" dans le sens où elle est déjà associée à des rituels - mousse au chocolat et bougies, etc. - qui empruntent plus à la culture qu'à autre chose...) et un peuple (appartenir au "Peuple Juif")

Notre expérience : si nous effectuons certains actes (aller à la synagogue, célébrer shabbat, etc.) c'est parce qu'ils ont un sens pour nous.

Notre témoignage : ils ont du sens car nous pensons que le monde a été fabriqué par Dieu (à développer en répondant à ses questions). Nous croyons que Dieu existe.

Et nous allons à la synagogue pour le remercier, le prier. Nous célébrons shabat pour nous rappeler qu'il a fabriqué le monde... et qu'il nous appartient à nous de prendre soin de ce monde.

De le rendre meilleur

2. L'éveiller à l'altérité

Une première chose : lui expliquer qu'il est possible que le monde n'ait pas été fabriqué par Dieu. Papa et Maman ont décidé de croire cela.

Chacun est libre de penser ce qu'il veut, car en fait, personne n'en sait rien (essayer de lui expliquer la différence entre un savoir et une croyance...) Comme tu le vois, c'est très personnel. Aussi, c'est très important de respecter ce que chacun croit.

 Une deuxième chose: Papa et Maman ont décidé de croire que Dieu existe. Et nous le remercions pour tout ce qu'il fait à notre façon.

D'autres personnes le remercient d'une autre manière : en allant à l'Eglise, ou à la mosquée. Pour cela aussi, chacun est libre de l'exprimer à sa façon et il faut le respecter.

Dans ta classe, dans notre travail, nous avons la chance d'avoir plein de gens différents : des gens qui pensent que Dieu existe, d'autres qui pensent que Dieu n'existe pas.

Des gens qui n'en savent rien du tout, des gens qui veulent le remercier en allant à la synagogue, à la mosquée ou à l'Eglise, ou au Temple. D'autres qui gardent cela dans leur cœur.

Le plus important, c'est de respecter ce que chacun pense, et de construire quelque chose de beau avec tout ce mélange : des amitiés, des projets, des dessins...

vendredi 20 février 2015

La voie républicaine


Les constats de cette semaine :

- une loi progressiste en matière économique et proposée par un gouvernement de gauche échoue (à passer par la voie législative classique). La droite a voté contre.

- des soit-disant êtres humains en décapitent 21 autres en raison de leur religion, dans une mise en scène, un esthétisme et une barbarie que nous n'avons pas connu depuis l'Allemagne nazie.

- un sondage nous montre que plus de 50% des sympathisants UMP sont prêts à voter FN au second tour (face au PS).


Dont acte.


Quel rapport entre ces trois faits?

Parlons de ce qui se passe chez nous, en France.
Il est temps de dépasser le clivage gauche - droite, UMP - PS.
Il est temps de donner raison à Marine Le Pen, de créer pour de vrai ce qu'elle nomme l'UMPS.

Un mouvement qui rassembleraient des personnes qui n'ont de sympathie ni pour le FN, ni pour aucun extrémisme, fusse-t-il de droite, de gauche ou religieux.

Il est temps de se donner les moyens pour que l'ouvrage de Houellebecq sorti le mois dernier reste une fiction.

Il est temps de créer ce que je nomme ici la Voie Républicaine.

Une voie qui serait une alternative aux deux voies nationalistes et musulmanes (cf. Soumission)

Pourquoi cela fait sens?
Car nombre de personnes en France votent alternativement à droite et à gauche.
Nombre de personnes votent pour les "bonnes" personnes, les "bonnes" idées, qu'elles soient de droite ou de gauche.
Nombre de personnes ont envie de hurler lorsqu'un gouvernement gauche propose des lois progressistes en matière économique et que la droite vote contre...
(même constat lorsqu'un gouvernement de droite propose des lois progressistes en matière sociétale et que la gauche vote contre)


Ne sommes-nous capables que de petits jeux politiques, aussi mesquins que stériles pour l'intérêt général?
Ne sommes-nous capables que de regarder à un horizon court-terme (2017) et à ne se satisfaire que de l'échec des personnes au pouvoir (opposition)?

 Il est grand temps de réunir ceux qui :
- se reconnaissent dans un courant "central", dans un éventail d'idées allant du PS modéré (Valls, Macron, ...) à l'UMP qui n'a point de sympathie pour le FN (NKM, ...), et tout ce qu'il y a entre les deux
- ne souhaitent pas être mis dans une case : ni à gauche, ni à droite, résolument républicains
- souhaitent faire barrage à tous les extrémismes et au populisme


Au travail?

jeudi 19 février 2015

Je suis COPTE

21 chrétiens coptes assassinés (décapités) par Daesh en Libye
Parce qu'ils étaient chrétiens...


J'aimerais vous dire que l'auteure de ces lignes n'a pas visionné la vidéo.
La curiosité l'a emporté. Je ne recommande vraiment pas.
Il n'empêche que c'est instructif : une mise en scène soignée et réfléchie. Un cadre d'une beauté inouïe, pour l'acte le plus vil qui soit. Un esthétisme certain, mis au service de la barbarie pure.
J'ai découvert ce que l'expression propagande islamiste signifie.

 

J'aimerais vous dire que je suis insensible à ce genre de messages.
Mais 7h après le visionnage, j'ai encore le cœur au bord des lèvres.
Oubliez les Dukan, les régimes no gluten, no ceci, no cela.
Si vous voulez perdre l'appétit, Daesh peut vous aider (#humournoir)

 

J'aimerais vous dire que nous appartenons tous à la même Humanité.
Aujourd'hui, je n'en suis plus si certaine.

 
J'aimerais vous dire que je ne partage pas la même planète que ces barbares.
Malheureusement si.
Heureusement, il nous reste nos yeux pour pleurer...


 

mercredi 18 février 2015

Heureux comme un juif en France

Je conçois que ce titre puisse paraître provocateur. En même temps, rien de tel qu'un peu d'ambition , un peu d'exigence, pour faire avancer les choses.

Savez-vous vers quel projet sociétal vous souhaitez emmener la France?
Certains n'ont pas attendu la fin des marches républicaines du dimanche 11 janvier pour exprimer que s'il était important de défiler, il était encore plus pertinent de se mettre au travail - le plus tôt sera le mieux.

Soit, mettons-nous au travail.

1. Par où commencer?

Il y a 5 semaines, les français ont compris - un peu tard et dans la douleur - que le pacte républicain voulu par nos aînés n'était que l'ombre de lui-même.
Le mouvement de solidarité qui s'en est suivi ne peut en aucun cas être interprété comme un "Mais si, vous voyez, la République est dans la rue"
Non, croyez-moi, la République est dans la constitution, dans nos livres d'histoire-géo et d'éducation civique, dans notre système judiciaire. Point.
Si nos dirigeants ont été exemplaires ces dernières semaines, si la présence de toutes les familles politiques (ou presque) à cette marche illustre une chose, c'est qu'il est grand temps d'aborder des thèmes de fond, qui dépassent les clivages et qui sont substantiels à tout avenir politique, économique, sociétal de notre pays.
Pensons républicain, pensons aux termes du contrat qui fonde le vivre ensemble.

2. Comment?
Mettons autour de la table tout le monde. Y compris le Front national (non pas que cela soit ma tasse de thé, mais on ne peut ignorer que près d'un français sur quatre se reconnaît dans les "valeurs" de ce parti)
L'objectif de ces "Assises Républicaines" qu'il serait temps que le Président de la République convoque est de dépasser la pluralité des opinions - pluralité nécessaire au bon fonctionnement de notre démocratie - pour tendre vers un socle commun.
Donnons donc à chaque famille politique la possibilité de participer au débat, incarné par une vingtaine de personnalités de premier plan - dont la désignation reste à déterminer, l'objectif étant évidemment une légitimité maximale, une représentativité de la nation optimale.

3. Vers où aller?
C'est sans doute le point le plus délicat, celui sur lequel le fameux consensus est susceptible de voler en éclats rapidement.
Il s'agit de dessiner les contours de ce que serait "l'esprit du 11 janvier"
Car de même que les Américains ont leur 11 septembre, nous autres Français avons malheureusement notre 11 janvier...
De même que les Américains se sont sentis patriotes comme jamais après cette attaque au cœur de ce qu'ils ont construit, les Français se sont (r)éveillés à leur Francité.
Depuis 1998, je n'avais pas vu autant de drapeaux, entendu autant la Marseillaise. Et cela m'a fait du bien. Ces symboles de notre pays me semblaient jusque-là comme confisqués par une frange de la population dont je ne partage pas le projet politique.
Et nous voilà aujourd'hui, à devoir composer avec ces extrêmes, pour poursuivre l'esprit du 11 janvier. Soit. C'est bien le principe de la démocratie... et c'est également l'avenir de notre République qui se trame.

Dessiner le 11 janvier (sans aucun mauvais jeu de mots)
Commençons par définir un cadre et des objectifs
D'aucuns me diront que tout projet sociétal est indissociable d'un projet économique, lequel est loin de faire l'unanimité parmi les présents à ces Assises Républicaines.
Soit. Mais tout le monde est d'accord sur quelques (modestes) objectifs :
- assurer la sécurité des personnes et des biens
- restaurer le respect des maîtres, et de l'autorité en général
- créer les moyens d'une intégration réussie de la jeunesse - si les parents et l’École n'y parviennent pas, réfléchir à d'autres biais (service civique ou militaire ? Internats républicains?)
- faire baisser le chômage / encourager l'entrepreneuriat et l'emploi - en particulier des jeunes
- encourager les initiatives solidaires, qui créent du lien entre les individus, entre les générations.
Entre les français, tout simplement.
Entre tous les Français. Sans clivage.


Je voudrais terminer ce texte en citant mon arrière-arrière-grand-mère, Fanny Marx, née (Lévy) en 1869 dans une famille juive Lorraine (dont nous documentons la présence dans cette région depuis le Moyen-Âge). Dans cette lettre de 1916, elle remercie l'infirmière qui s'est occupée de son fils, Marcel (21 ans), mort à Verdun.

"Enfin, si le sacrifice de sa vie, joint à celles de tous ceux qui furent servis en holocauste sur l’autel sacré de la Patrie, arrivent en temps voulu à sauvegarder notre Chère France du joug barbare, et à lui conserver son rôle glorieux parmi les Nations, alors nous n’oserons pas nous lamenter outre mesure, puisque en sa vie réduite, notre cher Enfant aura du moins pu être un des vaillants artisans du Droit et de la Justice".

Il nous appartient, aujourd'hui, de faire en sorte que les personnes disparues sous la violence des Merah, Kouachi, Coulibaly soient des vaillants artisans du Droit et de la Justice.

Il nous appartient de sauvegarder notre Chère France. Pour qu’un jour je puisse dire à mes enfants :
« Heureux comme un juif en France ».