Bonjour et bienvenue

« Si je ne suis pour moi, qui le sera ?
Et si je ne suis que pour moi, qui suis-je ?
Et si pas maintenant, alors quand
? »

(Hillel, Les Maximes des Pères)

Alors voici ce blog. Pour moi. Pour toi, lecteur. Pour ici, et maintenant.


vendredi 24 avril 2015

Pour davantage d'égalitarisme dans nos religions

 Et dans nos vies...

Ce matin je voulais exprimer à une amie que j adore - et qui est juive orthodoxe - ce qui me tient loin du monde (juif) orthodoxe

Je me suis vite rendue compte que j'ouvrais une boîte de Pandore. Dans ma propre tête! :)

Et que cette réflexion était passionnante. Au début je lui ai proposé (par provocation) d'animer à la guitare et au chant une soirée. Pure provocation (ou humour, hein!) car dans le monde juif orthodoxe une femme n'est pas censée faire entendre sa voix.

Entendons-nous (ah ah ah) : la femme a évidemment le droit de parler, mais pas de chanter. Du moins si un homme est susceptible de l'entendre. Pourquoi?

Car il pourrait être séduit.
(Silence de rigueur)

 
De même, une femme ne peut porter de manches au-dessus du coude ou de jupes au-dessus du genoux. Pourquoi? Mutadis, mutandis : si un homme la voit, il pourrait être séduit.
(Silence et yeux fermés, s'il vous plaît)


Bon, je suis cynique car cela me met hors de moi.  Car cela relève de règles écrites par des hommes et pour des hommes (les fa-quoi? Les femmes? Qu'est-ce donc?)  au Moyen-Âge, à partir de ce qui fut pendant des millénaires la "Loi orale".

Résumons : il y a un texte biblique, donc sacré. Et une Loi orale, transmise de générations en générations, et codifiée au Moyen-Âge.

Cette loi orale traite de tous les sujets de la vie juive, notamment les sujets sus-évoqués : pudeur (ou modestie) féminine. Pudeur qui implique la séparation des hommes et des femmes, afin d'éviter aux hommes d'être tentés par les femmes.

 
Maintenant, place à ma position - qui n'engage que ma personne au demeurant.


Je m'inscris en faux avec tout cela. Je considère que ces règles de pudeur ont été transmises et écrites par 50% du peuple juif (les détenteurs de chromozomes XY) pour asservir les autres 50% (les XX). Je considère ces règles comme discriminantes.

Discrimination, oui. Car que je sache il n'est pas interdit aux hommes de chanter, ni de se balader en caleçon ou en Marcel s'ils le souhaitent. Pourquoi?
Car il est évidemment exclu que les hommes puissent séduire par leur ramage ou leur plumage... (en même temps, que celui ou celle qui est séduit par un homme en Marcel se désigne de suite! bon, ok, je sors, c'était juste une tentative d'alléger le propos...)

Parce que les femmes sont bien au-dessus de cela? Parce que les femmes sont vertueuses ?

Foutaises. Le discours fondateur, qui est de dire "Les hommes fonctionnent sous la ceinture et les femmes au-dessus" est faux et discriminatoire. Bien pire encore, il a été érigé per se comme l'argument irrévocable soutenant l'ensemble des règles qui figent l'asymétrie des droits (et devoirs) entre hommes et femmes dans le judaïsme. Asymétrie des droits, donc discrimination. 

 
Je ne nie pas les différences biologiques entre hommes et femmes. Mais selon moi elles sont d'un tout autre ordre (force musculaire plus importante et voix plus grave pour les hommes...) Et quand bien même il existerait une différence dans le taux d'obsession sexuelle entre hommes et femmes, elle serait marginale (biologiquement parlant).

ll suffit de fréquenter des personnes qui s affranchissent de ce que la société projette sur eux pour se rendre compte qu on est proche du 50/50, au pire dans du 60/40 (plus d'hommes) Je vais parler de manière terre-à-terre : je connais autant, si ce n'est beaucoup plus de femmes hyper-phalliques que d'hommes hyper-phalliques.

Nous sommes clairement à des années-lumière du 100/0 que tentent de nous faire avaler les machos qui ont inventé la partie de la loi orale relative a la pudeur. Le plus grave étant que ces mêmes machos veulent nous faire croire que cette notion de pudeur qui ne s'applique qu'aux femmes s'agirait de l exégèse la plus fidèle que l'on puisse faire du texte biblique!!!

 (au secours, les bras m'en tombent!)

 
Alors comment se fait-ce que la théorie du 100/0 convainc autant de monde, y compris des femmes?

Car l'homme est un animal de culture. Oui, j'affirme que ceci n'est qu'une construction culturelle.
 
Car depuis leurs plus jeune âge, on montre et on dicte (nous, les mères et les pères) à nos filles et à nos garçons le comportement que la société attend d'elles / d'eux.

On leur dit qu'elles sont jolies et élégantes / on leur dit qu'ils sont débrouillards et malins.

On  leur dit - à elles - "sois belle et tais-toi". Et on  leur dit - à eux - que la vie réussit aux virils, aux vrais mecs, quoi!

On  leur dit - à elles - d'allumer les bougies, de préparer le repas de shabat, de se faire belles pour accueillir le shabat (... et pour séduire un homme qui va leur faire de beaux enfants)

On  leur dit - à eux - d'étudier la Torah car étant moins vertueux que la femme (l'homme ne pense qu'au sexe, rappelle-toi mon garçon), l'homme doit étudier et prier pour s'élever spirituellement.

On va génitaliser le corps de nos filles à outrance, en se focalisant dessus pour les complimenter et leur expliquer que c'est par ce corps (qu'on ne veut voir) qu'elles vont se réaliser : séduction (du mari), puis maternité (porter les enfants, principal dessein de la femme, malheur à qui n'en veut pas....)

 

Voilà ce qui me tient à distance du monde juif orthodoxe non égalitaire (car il existe un monde juif orthodoxe égalitaire, dit "modern orthodox" - particulièrement répandu aux Etats-Unis et en Israël)

 
(et une fois que nous aurons résolu cette histoire d'égalitarisme, nous pourrons aborder d'autres questions : place des couples de même sexe dans nos religions, etc.)
 

4 commentaires:

  1. Rha la la, ça me fait penser à trop de choses:

    1 : ma fille de 4 ans, qui revient du centre aéré hier en me disant "Maman, il faudra me mettre un collant avec ma robe parce qu'on voit ma culotte". Les bras m'en sont tombés aussi. Non mais, woh, on voit ta culotte, et on voit tes chaussettes aussi, et ton t-shirt, et depuis quand la culotte d'une petite fille de 4 ans est à cacher? Depuis quand les petites filles de 4 ans sont sexualisées? Bandes de gros dégueulasses qui ne pensent qu'au cul.
    Donc non, tu ne mettras pas de collant avec ta robe quand il fait 25 degrés dehors.

    2 : tous ces petits garçons qu'on dit "agités" mais "parce que c'est un garçon".
    Ha bon. Ne serait-ce pas juste parce que toi, sa mère, tu le laisses s'agiter sans jamais lui dire d'être plus calme et surtout plus silencieux en société? Parce que toi, sa mère, tu ne lui dis jamais ce que tu dis à ta fille, sa soeur, d'être discrète et silencieuse?
    Alors non, les garçons ne sont pas par nature des excités, ils le sont par éducation (parole de prof qui en voit défiler un paquet, et parfois des garçons "bien élevés" aussi, comme quoi c'est possible). Et pour remettre un peu de parité dans tout ça, dans la mesure de l'acceptable, oui, je laisse mes filles s'exciter et hurler et être un peu brutale dans leur manière d'être, répondre de manière un peu raide, tant que ça reste respectueux, même si ça peut paraître étonnant dans la bouche et dans les gestes d'une enfant de 4 ans. Parce que plus tard il faudra bien qu'elle leur réponde, à tous ceux qui voudront la coincer dans une case.

    Voilà, je vais m'arrêter là, je pourrais continuer pendant des heures, sujet passionnant!

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    1. J'adore !!!

      Et bravo : il faut avancer de manière concrète et positive. Et tu le fais à merveille / vous le faîtes à merveille. Je suis très impressionnée par l'éducation que vous donnez à vos enfants. Une belle leçon - non seulement d'éducation - mais de vie. Je vous embrasse fort!

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  2. Oh ma belle, pas cool de m'écrire cet article, j'avais une base de données qui m'attendait, elle va devoir m'attendre encore plus parce que c'est un sujet qui me tient à coeur, encore plus depuis que je suis la maman d'une petite fille et d'un tout petit garçon.
    Parce que, quand tu as eu d'abord une fille et que tu réutilises des choses de ta fille pour ton garçon, ça fait se relever plus de sourcils. Oui, il a une chaise haute rose, un hochet rose, et alors? Personne n'a fait de remarque quand ma fille a eu un vélo bleu.
    Et là, tu réalises encore plus quelque chose que tu avais déjà remarqué professionnellement : la féminisation dévalorise. Il faut cadrer ce qui est féminin parce que si cela déborde sur le masculin, malheur. L'exemple le plus flagrant est l'enseignement, nous sommes passé du maître d'école qui est un notable du village à la maîtresse bien gentille. D'ailleurs, ça rejoint bien ce que tu dis, l'enseignement (et l'apprentissage) sont réservés aux hommes, seuls capables d'apprendre. Aux femmes le charnel (et le seul mystère que l'homme ne peut connaître, la gestation), à l'homme les mystères de l'esprit.

    Mais au final, quand tu y songes, cette hyper-normalisation de la société, elle est surtout là pour imposer le contrôle de ceux qui, sans cette norme, ont le moins de chance de survie. Parce que dans cette société (mais ne nous leurrons pas, ça n'est pas limité aux Juifs orthodoxes), celui qui a le pouvoir, par ces lois, celui qui s'élève, c'est celui qui maîtrise le mieux le savoir théorique. Sauf que celui-là n'est pas celui qui fait manger sa famille, qui lui met un toit sur la tête, qui fabrique ou qui achète ce dont sa famille se sert tous les jours, qui fait venir des enfants dans le foyer (aussi bien par la naissance que par l'adoption) et qui les éduque...

    Après, si cela convient à certains, pourquoi pas? Je ne doute pas que certains, femmes comme hommes, trouvent un épanouissement dans ce système, où finalement tout est codifié, réglementé, il y a peu de questions à se poser. Le libre-arbitre, la réflexion, le doute, sont un don, mais pour certains, un fardeau.
    Là où j'ai du mal, c'est avec la volonté d'imposer ce mode de pensée comme étant le seul, le bon, décourageant toute réflexion hors du cadre.

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    1. LOL pour la base de données!
      Qui peut être déléguée à une personne ayant une plume moins brillante que la tienne (à quand le blog Stelcha???)

      Je partage totalement ta vision, qui rejoint celle développée par Delphine Horvilleur dans son excellent "En tenue d'Eve - Féminin, pudeur et judaïsme" (que je me ferai un plaisir de te prêter!)

      D'ailleurs, je te lis et je pense au livre de Caroline Fourest qui vient de sortir. Eloge du blasphème. C'est important de pouvoir remettre à leur place ceux qui tentent d'imposer un mode de pensée - qu'il s'agisse d'une croyance ou d'autre chose.

      Moi, profondément croyante, je suis attachée au droit au blasphème. Il est garant de la liberté d'expression. Et sans doute, quelque part, de l'égalité des sexes (quelles sont les religions qui prônent une telle égalité?)

      Des bisous princesse

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