Comme disent les anglo-saxons : Back to basics!
Plus j'entends parler de grossesses non désirées chez des
jeunes femmes (tranche d'âge 17-23 ans), plus j'ai des boutons.
Attention : qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'écris
pas. J'écris que cela me désole.
Car je ne connais pas une
fille de mon entourage ayant eu recours à l'IVG pour qui ce moment n'a été une
épreuve physique, psychologique, voire les deux. Pas question d'empêcher les
femmes d'être maîtresses de leur corps : il faut garantir à celles qui ne
souhaitent pas garder un embryon / fœtus la possibilité de choisir.
220 000 IVG en France chaque année.
Dont 10% chez les moins de 20 ans.
Comment en sommes-nous arrivés là?
Et si nous
repensions simplement notre rapport à la contraception de l'adolescente / de la
jeune adulte?
Je me souviens bien de ma première consultation
gynécologique. J'avais 16 ans. D'abord les premières questions du type : A quel âge avez-vous
eu vos règles pour la première fois? Êtes-vous réglée régulièrement? Puis d'autres, que j'ai trouvé à l'époque très
intrusives : Avez-vous des relations sexuelles? Vous protégez-vous?
S'en est suivie une prescription de pilule contraceptive,
motivée en premier lieu pour venir à bout de mon acné juvénile. J'ai pris la pilule (celle-ci, puis d'autres) durant plus
de 10 ans. Jusqu'à arrêter la contraception pour fonder un foyer. Notre foyer étant au complet, j'ai un stérilet en place.
Il fait le boulot. Du très bon boulot. Aucune douleur à la mise en place/ au retrait.
Et une question: maintenant que des stérilets pour
nullipares sont disponibles sur le marché... Qu'attend-on pour poser un
stérilet aux jeunes femmes venant en première consultation gynécologique?
Imaginez les conséquences !!! Un stérilet, posé entre 16 et 21 ans. A 21 ans, la jeune
femme décide si elle veut en remettre un (si elle n'a pas de projet familial
dans un temps proche) ou non.
Gain d'argent = considérable
Pour la société (je pense aux pilules remboursées) comme
pour les jeunes femmes (pilules non remboursées). Certaines avouent clairement que sortir 150€ par an pour
leur contraception... Est une pilule difficile à avaler. Nombreuses d'entre elles / des milliers de jeunes couples
finissent chaque année par renoncer à cette dépense et la remplacer par des
préservatifs (avec les risques de déchirement que l'on connaît) ou - pire
encore - le retrait!
Un stérilet couté entre 30€ et 70€. Il est efficace 5
ans. Aucun autre moyen contraceptif ne peut se targuer de couter entre 50 cents
et 1€ par mois - à la société / personne qui l'utilise.
Gain de sérénité : évident.
Quelle jeune femme ne s'est pas retrouvée sur un forum à
faire des recherches compulsives suite à un oubli / retard de prise de quelques
heures de sa pilule?
On peut aussi évoquer les décalages horaires, les
conditions sanitaires en voyage - diarrhée, etc, les interactions avec d'autres
prescriptions médicales. Sans oublier le risque - aujourd'hui mieux connu -
connu d'accident cardio-vasculaire pour certaines catégories de patientes. Il
est temps de proposer une alternative, non?
D'autres exemples ? Je ne compte plus les amies (et
moi-même) qui se retrouvent à prendre en catastrophe une pilule du lendemain-
juste au cas où! (Et je confirme : cela bouleverse le cycle, durablement!) Ou
de ces jeunes femmes qui tombent enceinte dans les deux premières semaines de
prise de la pilule (car : oui, la prise de la pilule n'empêche pas le cycle de
s'échapper les deux premières semaines!)
Enfin, j'ai grandi avec l'idée que la pilule
contraceptive est à la contraception ce que la démocratie est aux régimes
politiques : le pire des systèmes à l'exception d'aucun autre. Il est temps de
faire évoluer ceci!!! Aujourd'hui, les progrès de la médecine nous offrent des
alternatives dont nous serions les premières à pouvoir/ devoir bénéficier, si
le corps médical (médecinS généralistes, service médicaux dans les lycées,
médecine du travail, et évidemment gynécologues) s'en donnaient les moyens.
Cessez de nous infantiliser! Ce n'est pas parce qu'une
femme n'a pas accouché qu'elle ne peut entendre ce qu'est le col de l'utérus !
Toute femme peut comprendre qu'on a la possibilité de placer un instrument de
petite taille de l'autre côté de cette frontière, à l'intérieur de l'utérus!
Et s'il vous plaît, vous, les dieux du marketing :
inventez un autre nom que STÉRILET. Car je crois que c'est l'un des freins
majeurs - pour les patientes comme pour les médecins.
Appelez cela : DIU par
exemple (dispositif intra utérin) et on y est!
Personnellement, je regrette de ne pas avoir eu entre 16
ans et 26 ans de DIU en place.
Il y en aurait eu deux (16-21 ans, puis 21-26 ans). Cela aurait coute 150€ à
la société, en 10 ans. Avec les frais de mises en place et de retrait, on
aurait peut être atteint 300€. Pour 10 ans de cycles, soit 120 cycles. 2,5€ par
cycle. Qui fait mieux?
Et vous savez quelle aurait été la cerise sur le gâteau ?
(Outre l'économie de consultations ou de tests de grossesse pour un oui, un
non, un retard, un oubli ou une chiasse)
Durant toutes ces années de DIU, j'aurais eu un cycle. Un
vrai cycle. Non simulé comme sous pilule. De vraies ovulations, des
règles "physiologiques", des montées et descentes hormonales qui sont
aujourd'hui de grands repères pour moi. Pour connaître mon corps, mon désir,
mes humeurs, qui je suis.
Impression que cette pilule - que j'ai tant aimé, qui m'a
tant servi, tant accompagné aux 4 coins du monde - m'a aussi un peu caché qui
je suis "pour de vrai"
Aujourd'hui, avec mon DIU, je sens arriver ma période
ovulatoire, mon désir exacerbe, tout comme je sens le pic de désir juste avant
que mes règles ne débarquent de nouveau.
Je suis sous contraception, et mon corps est libre, non
muselé par des hormones qui lissent ma déconfiture et mon désir.
Et pour celles qui se posent la question (à qui le mot
stérilet fait peur, par exemple !) j'ai eu un DIU entre mon deuxième et
troisième enfant. Et suis tombée enceinte de mon troisième enfant avec autant
de facilité qu’après avoir arrêté la pilule. En deux mots : aucun impact du DIU
sur ma fécondité!
Apres pilule mon amour, place à DIU, mon amour.
Et vous, vous essayez bientôt ?