Chers amis,
Je partage de nouveau ce texte, écrit jeudi 8 janvier. C'est avec une profonde tristesse que je le modifie, afin d'y associer les victimes juives de vendredi.
Merci de vos messages de soutien, nous avons été très touchés.
Merci CHARLIE
Aujourd’hui, mes enfants se sont réveillés dans un monde un peu moins beau, et surtout beaucoup moins drôle qu’hier.
Un monde dans lequel nous savons désormais que dessiner tue.
Nous savions déjà qu'informer tue. Eh bien, faire rire aussi.
Et être juif aussi.
Mes enfants sont encore jeunes, aussi il se passera quelques années avant qu’ils ne m’interpellent «Maman, tu te souviens du jour de l’attentat Charlie Hebdo ? »
Que dois-je leur répondre ?
Que la France est devenue une Terre de haine, de violence et d'insécurité?
Que forte est l'impression d'être pris en tenaille entre ceux qui (se) nourrissent de la haine pour l'étranger, pour les musulmans, pour les juifs, pour les homosexuels, pour les femmes, pour la République laïque et pour la liberté d'expression ?
Que la patrie de Voltaire et de Rousseau n’est plus qu’une chimère, et que la lutte contre l’intolérance bute contre un mur plus élevé que tout : la peur ?
Qu’ils vivent dans une société où un mot, un dessin ou un geste qui déplaît est susceptible de les envoyer dans l’au-delà ?
Qu’en tant que mère, il est probable que je taise mes opinions plutôt que d’en faire des orphelins?
Qu'ils devront apprendre à composer avec des préjugés et des risques qui n'ont d'autres causes que le fait d'être nés juifs?
Que la peur a eu raison du dialogue?
Que la lâcheté a eu raison du vivre ensemble?
Que la connerie a eu raison du courage?
Mais si c’est ainsi, non seulement Charlie serait mort… Mais CHARLIE serait mort POUR RIEN?
Non, pas question.
Moi, mes enfants, je vais leur raconter…
Que l’élan de solidarité qui a succédé à l'onde de choc a permis un réveil des consciences, un sursaut humaniste, une affirmation des valeurs qui sont chères à mon cœur de française : liberté, égalité et fraternité.
Que des rassemblements spontanés se sont organisés un peu partout, avec une ferveur qui n’avait d’égale que la gratitude de tout un chacun pour Charlie.
Que nous nous sommes serrés, le soir même, proches et inconnus, jeunes et vieux, de gauche et de droite, pétrifiés par le froid, mais surtout gelés par l’effroi…
Que l'union sacrée a duré plus que quelques jours, que les politiques et les communautés de tous bords n'ont pas chercher à ramener la couverture à eux une fois la sidération passée.
Que les Français, spontanément, ont plébiscité la seule voie possible pour ne pas que de telles tragédies se reproduisent : l’éducation
Que l’islam n’a rien à voir avec cela, qu’il existe une belle religion derrière des fous sanguinaires et
ignorants
Que les communautés ont appris à se parler : on ne peut pas avoir raison seul, n’est-ce pas ?
Que les juifs de France ont été protégés et défendus par leurs concitoyens, infiniment solidaires, car touchés eux aussi dans leur chair.
Que les Français ont vaincu la peur : il suffisait d’en rire pour qu’elle disparaisse.
Et savez-vous pourquoi je leur raconterai cela ?
Parce que nous allons le faire.
Parce que nous n'avons pas peur.
Nous sommes tous des juifs de France.
Nous sommes tous Charlie.
Petite Pastèque (31 ans, 3 enfants)
Je partage de nouveau ce texte, écrit jeudi 8 janvier. C'est avec une profonde tristesse que je le modifie, afin d'y associer les victimes juives de vendredi.
Merci de vos messages de soutien, nous avons été très touchés.
Merci CHARLIE
Aujourd’hui, mes enfants se sont réveillés dans un monde un peu moins beau, et surtout beaucoup moins drôle qu’hier.
Un monde dans lequel nous savons désormais que dessiner tue.
Nous savions déjà qu'informer tue. Eh bien, faire rire aussi.
Et être juif aussi.
Mes enfants sont encore jeunes, aussi il se passera quelques années avant qu’ils ne m’interpellent «Maman, tu te souviens du jour de l’attentat Charlie Hebdo ? »
Que dois-je leur répondre ?
Que la France est devenue une Terre de haine, de violence et d'insécurité?
Que forte est l'impression d'être pris en tenaille entre ceux qui (se) nourrissent de la haine pour l'étranger, pour les musulmans, pour les juifs, pour les homosexuels, pour les femmes, pour la République laïque et pour la liberté d'expression ?
Que la patrie de Voltaire et de Rousseau n’est plus qu’une chimère, et que la lutte contre l’intolérance bute contre un mur plus élevé que tout : la peur ?
Qu’ils vivent dans une société où un mot, un dessin ou un geste qui déplaît est susceptible de les envoyer dans l’au-delà ?
Qu’en tant que mère, il est probable que je taise mes opinions plutôt que d’en faire des orphelins?
Qu'ils devront apprendre à composer avec des préjugés et des risques qui n'ont d'autres causes que le fait d'être nés juifs?
Que la peur a eu raison du dialogue?
Que la lâcheté a eu raison du vivre ensemble?
Que la connerie a eu raison du courage?
Mais si c’est ainsi, non seulement Charlie serait mort… Mais CHARLIE serait mort POUR RIEN?
Non, pas question.
Moi, mes enfants, je vais leur raconter…
Que l’élan de solidarité qui a succédé à l'onde de choc a permis un réveil des consciences, un sursaut humaniste, une affirmation des valeurs qui sont chères à mon cœur de française : liberté, égalité et fraternité.
Que des rassemblements spontanés se sont organisés un peu partout, avec une ferveur qui n’avait d’égale que la gratitude de tout un chacun pour Charlie.
Que nous nous sommes serrés, le soir même, proches et inconnus, jeunes et vieux, de gauche et de droite, pétrifiés par le froid, mais surtout gelés par l’effroi…
Que l'union sacrée a duré plus que quelques jours, que les politiques et les communautés de tous bords n'ont pas chercher à ramener la couverture à eux une fois la sidération passée.
Que les Français, spontanément, ont plébiscité la seule voie possible pour ne pas que de telles tragédies se reproduisent : l’éducation
Que l’islam n’a rien à voir avec cela, qu’il existe une belle religion derrière des fous sanguinaires et
ignorants
Que les communautés ont appris à se parler : on ne peut pas avoir raison seul, n’est-ce pas ?
Que les juifs de France ont été protégés et défendus par leurs concitoyens, infiniment solidaires, car touchés eux aussi dans leur chair.
Que les Français ont vaincu la peur : il suffisait d’en rire pour qu’elle disparaisse.
Et savez-vous pourquoi je leur raconterai cela ?
Parce que nous allons le faire.
Parce que nous n'avons pas peur.
Nous sommes tous des juifs de France.
Nous sommes tous Charlie.
Petite Pastèque (31 ans, 3 enfants)